Le FMI change de pavillon mais navigue toujours à vue
Lundi 23 avril, Karim Djoudi, ministre des Finances de l’Algérie, déclarait avoir reçu une demande officielle du FMI de contribution au renforcement de ses capacités de prêt. Encoreun fait qui illustre le basculement du pouvoir au sein de l’institution.
Depuis l’été 2008 et la généralisation de la crise des subprimes à l’échelle mondiale, le FMI a rapidement baissé pavillon américain pour lever les couleurs des BRICs. En novembre 2010, une première réforme des droits de vote en leur faveur était menée par Dominique Strauss-Kahn, avant une seconde prévue pour janvier 2013 au plus tard. En juillet 2011, Zhu Min, ancien vice-gouverneur de la Banque Populaire de Chine, était nommé Directeur général-adjoint au FMI. Aujourd’hui, ce sont pas moins de 90 milliards de dollars sur les 430 demandés par l’institution de Bretton Woods que les pays émergents accorderont. Certes la zone euro reste devant avec 150 milliards. Mais il faut rappeler: 1) que les pays émergents ne sont pas en situation de crise; 2) que les Etats-Unis comme le Canada ne participent même pas à ce nouvel accroissement des ressources du FMI.
Le pavillon a eu beau changer, les lieutenants du capitaine ont eu beau être remplacés, le cap reste le même. Le FMI continue de parer au plus pressé et de concentrer tous ses moyens, financiers comme humains, à l’aide aux pays européens confrontés à des crises de a dette publique. Comment pourrait-il en être autrement? Institution née de la conférence de Bretton Woods, le FMI n’avait de légitimité et d’efficacité dans la régulation du système monétaire international que tant que celui-ci reposait sur un système de changes fixes avec ancrage sur l’or via le dollar. Depuis les Accords de la Jamaïque (1976), tel n’est clairement plus le cas, les flottaisons pures (euro) côtoyant le crawling peg (yuan) et l’adjustable peg (dollar).
Du fait du rôle croissant joué par les pays émergents, le FMI se trouve sans cesse plus confronté aux limites de son action et au besoin de se réformer comme de réformer le système monétaire international. Pour cela, elle va devoir user de tout son talent pour démontrer que la stabilité financière est un bien collectif qui doit être préservé et financé autant par les pays développés que par les autres.