Quel avenir pour Hong Kong et ses expatriés ?
Depuis les manifestations pro-démocratiques de 2019 qui ont chamboulé le quotidien des habitants de Hong Kong, la ville semble peu à peu se vider de ses habitants, et plus particulièrement de ses expatriés. La liberté d’expression est en danger. Les restrictions liées au Covid-19 se font toujours plus sévères. Cette ville autrefois tant appréciée des expatriés du monde entier semble maintenant baigner dans un climat étrange, entre tensions et méfiance. On enregistre déjà plus de 100 000 départs d’expatriés depuis le début de l’année 2022. Cette tendance tend à s’intensifier dans le futur.
La liberté d’expression mise à mal
« C’est l’exil ou la prison ». Voilà comment les journalistes de Hong Kong voient la situation actuelle de la liberté de la presse. Depuis l’application de la loi sur la sécurité nationale en 2020, la parole n’est plus aussi libre qu’elle ne l’était. De nombreux journalistes, manifestants ou opposants politiques ont été condamnés ou emprisonnés au nom de la sécurité du pays. Le gouvernement a instauré la peur parmi la population grâce à cette loi aux conditions trop vagues pour savoir quand on y déroge. Censée réprimer les actes de sécession, de subversion, de terrorisme et de collusion avec des forces extérieures étrangères, elle est en réalité utilisée abusivement pour réprimer toute forme de pouvoir qui pourrait s’opposer au gouvernement chinois. Ainsi, l’Etat contrôle presque entièrement la presse, l’éducation et les réseaux sociaux.
Depuis 2020 la population assiste donc lentement à la mort de ses libertés sans rien pouvoir faire. Les habitants, qui ont encore un souvenir douloureux de la répression draconienne des manifestations de 2020, ne se risquent plus à manifester de peur d’être arrêtés ou condamnés. Le gouvernement a écarté du combat les principaux opposants et leaders de ces mouvements. Aujourd’hui, plus personne ne porte la voix de la démocratie à Hong Kong.
Même les journalistes étrangers préfèrent quitter la ville. Hong Kong a d’ailleurs récemment perdu 68 places dans le classement de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse dans le monde, se positionnant ainsi à la 148ème place mondiale. Une régression sans précédent qui traduit la gravité de la situation. Cela explique pourquoi les expatriés ne retrouvent plus la sécurité et la sérénité d’autrefois à Hong Kong.
En mars 2022, John Lee devient le nouveau chef de l’exécutif. Il est l’ancien chef de la police de la ville et est très proche de la Chine. La situation n’est donc visiblement pas prête de s’améliorer dans les prochaines années pour la liberté d’expression à Hong Kong.
Des mesures Covid déconnectées de la réalité
Alors que le reste du monde se détachait peu à peu de la peur du virus et semblait enfin vouloir vivre avec, la Chine, et plus particulièrement Hong Kong, ont adopté la stratégie zéro Covid.
En fin d’année 2021, la vie semblait être revenue à la normale à Hong Kong où les habitants vivaient sans aucune restriction excepté le port du masque. Pendant ce temps-là, la vague Omicron menaçait une nouvelle fois de confiner les pays européens. A partir de janvier 2022, la tendance a commencé à s’inverser.
21 jours de quarantaine étaient nécessaires pour entrer sur le territoire hongkongais, et seuls les résidents y étaient autorisés. Les cas positifs devaient se confiner dans des camps d’isolement comme celui de Penny’s Bay, dans des conditions rudimentaires. Les regroupements se limitaient à 2 personnes. Les bars et restaurants fermaient à 18h. Beaucoup de lieux du quotidien ont fermé : boîtes de nuits, aires de jeux, plages publiques…
En mars, le gouvernement annonce qu’il va réaliser des tests de masse sur toute la population, et confiner les cas positifs en camps d’isolement. Alors, la population prend peur. Beaucoup d’expatriés font le choix de quitter le pays avant cette vague de tests. Beaucoup migrent pour Singapour, d’autres n’ont pas de choix que de rester, mais à contre cœur.
Aujourd’hui, après avoir été frappé de plein fouet par la vague Omicron, Hong Kong semble enfin s’aligner au reste du monde et alléger ses politiques. La ville autorise de nouveau les non-résidents à entrer sur le territoire. Elle a aussi réduit la période de quarantaine et réouvre les principaux lieux de vie de la ville. Pour combien de temps, alors que la Chine ne cesse de durcir ses restrictions toujours dans la logique de « zéro covid » ?
Quel avenir pour les expatriés de Hong Kong ?
La ville qu’ils avaient connue autrefois n’est plus la même aujourd’hui. Beaucoup pensent qu’ils ne retrouveront jamais le Hong Kong d’avant. Celui qui les avaient convaincus de tout quitter pour s’installer à l’autre bout du monde. Quel avenir pour Hong Kong sans sa communauté d’expatriés ? Communauté qui constituait plus de 5% de la population il y a quelques années. Si certains pensent que la ville n’a pas besoin des expatriés pour être prospère, une chose est sure : l’âme de Hong Kong ne sera plus la même sans eux.