La laborieuse réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement : la crise, une bonne excuse ?
En 2000, les pays de l’ONU s’accordaient sur ce qu’on appelle les Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD), fixés pour 2015. Depuis, la crise est passée par là, hypothéquant la réalisation de certains de ces objectifs. Sur huit de ces derniers, un seul pourrait être atteint à l’horizon 2015, celui qui consiste à réduire la population dont le revenu est inférieur à un dollar par jour de moitié entre 1990, où elle atteignait 1800 millions de personnes, et 2015, mais avec un seuil de 1,25 dollar par jour. Pourtant, si cet objectif est atteint, les progrès sont inégaux. S’ils sont importants dans plusieurs pays d’Asie tels que la Chine ou dans une moindre mesure l’Inde, certains pays d’Afrique subsaharienne ou même d’Europe orientale ne parviendront pas à tenir cet engagement. En outre, l’Afrique est le continent qui connaît les plus grandes difficultés à remplir les objectifs du millénaire.
Le bilan après dix ans, présenté par Ban Ki-moon, est mitigé : les effets de la crise ont eu des conséquences majeures. Elle a été à l’origine d’un important chômage, d’une baisse des salaires et de l’augmentation du nombre de travailleurs en situation précaire. La hausse des prix des produits alimentaires ne permet pas de réduire de moitié le nombre de personnes souffrant de la faim (premier objectif des OMD), qui atteint le milliard. Et les conséquences du changement climatique se font déjà sentir dans certaines régions du monde (désertification, augmentation des catastrophes naturelles telles que les crues, etc.), entravant certaines évolutions positives. Mais tout n’est pas noir : la mortalité infantile continue de reculer, alors que la scolarisation progresse presque partout (notamment pour les filles), malgré certaines carences telles que le manque de salle de classe ou de professeurs.
En outre, l’Aide Publique au Développement (APD) reste insuffisante. L’objectif de verser aux Pays En Développement (PED) 0,7% du RNB est loin d’être atteint (sauf pour le Luxembourg, le Danemark, la Suède, la Norvège et les Pays-Bas), même si des aménagements et des réductions de dettes sont consenties par les pays développés. Mais du fait de la crise, il apparaît que certains pays sont moins enclins à consentir à ces efforts.
En septembre prochain, lors du Sommet des Nations Unies qui se tiendra à New York, les chefs d’Etat devront prendre leur responsabilité et agir, sans se cacher derrière l’attente d’une croissance forte, car résoudre pas à pas ces problèmes est indispensable si ces pays veulent justement se développer.