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Sécurité collective : bilan à la veille du 75e anniversaire de l’ONU

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Les Nations unies se définissent comme une société d’États qui ont conçu des mécanismes de sécurité pour rechercher et préserver la paix. Au cœur de ces mécanismes, la Charte a été construite à partir du concept de sécurité collective qui fait de la sécurité de chacun l’affaire de tous. La légitime défense est garante de la pérennité du système dont le cœur est le Conseil de sécurité. Celui-ci traite des crises les plus graves.

Le Conseil de sécurité des Nations unies joue un rôle déterminant en matière de sécurité collective.
Le Conseil de sécurité des Nations unies joue un rôle déterminant en matière de sécurité collective.

Le rôle déterminant du Conseil de sécurité 

Pendant ses quarante premières années, le Conseil de sécurité a rarement pu jouer son rôle en matière de sécurité collective. Au cœur de la Guerre Froide, les États-Unis et l’URSS sont rarement en accord sur les questions internationales. Les soviétiques utilisent alors massivement leur droit de veto. L’URSS s’opposera à des projets de résolution près de quatre-vingt fois entre 1946 et 1971. Elle pratiquera également la politique de la “chaise vide” après le blocus de Berlin, espérant paralyser de fait le Conseil. En 1950, le Conseil décidera cependant que l’absence d’un État votant n’a pas valeur de veto.

La fin de guerre froide laissait penser qu’un renouveau du système de sécurité collective était possible du fait de l’entente supposée acquise des 5 membres permanents. Les résolutions du Conseil de sécurité ont joué des rôles non négligeables lors de la guerre Iran-Irak ou lors du conflit en Afghanistan. La guerre du Golfe a amplifié cette impression de renaissance. Les attentats du 11 septembre ont marqué un tournant majeur en matière de sécurité collective. Les États-Unis sont intervenus en Irak en 2003 sans l’approbation de la communauté internationale, remettant en cause le rôle de « gendarme du monde » du Conseil de sécurité. Peu à peu, les États membres ont démontré une volonté de récupération du recours à la force. Le Conseil de Sécurité s’y est opposé, essayant d’en canaliser les conséquences. Il a cependant laissé à l’ONU le soin de gérer la reconstruction post-conflit des États.

Une nouvelle multipolarité source de blocage 

L’interminable conflit syrien illustre le sentiment largement partagé d’une « panne » du multilatéralisme. Les cinq membres permanents ne parviennent pas à s’entendre. Des puissances régionales sont fortement impliquées dans les conflits, comme au Yémen. L’ordre international semble avoir évolué vers la multipolarité.

En ce début de XIXème siècle, les grandes puissances hésitent sur le rôle qu’elles devraient avoir. Elles ont en outre des conceptions divergentes de la mondialisation. Les pays européens recherchent une politique étrangère et de sécurité commune face au relatif retrait des États-Unis. La Chine, la Russie ou encore la Turquie affichent leur soft power et parfois leur pouvoir militaire. Le Conseil de sécurité est ainsi souvent bloqué en raison du manque d’entente entre ses membres permanents, même si des résolutions continuent d’être adoptées sur des dossiers importants.

Une réforme nécessaire

Si le Conseil de Sécurité présente des limites, son rôle est cependant démontré. Sans l’ONU, il y aurait sans doute davantage d’instabilité et de conflits dans le monde. En conséquence, le maintien de la paix serait plus difficile à mettre en œuvre. Les populations civiles seraient soumises à davantage de souffrances et les droits fondamentaux des individus moins bien respectés.

Ainsi, si l’ONU ne peut garantir la paix et la sécurité collective, si elle ne peut prévenir et résoudre tous les conflits, elle a, malgré ses faiblesses, beaucoup apporté depuis sa création, notamment par sa capacité à rassembler et à rendre universel la plupart des droits. L’ONU doit être préservée car elle est indispensable mais elle a sans doute besoin d’être réformée pour s’adapter au nouvel ordre mondial. Il semble indispensable que le Conseil de sécurité s’ouvre aux puissances qui ont émergé au Sud. Ces dernières remettent en effet en question un système de gouvernance mondiale dans les domaines de la paix et de la sécurité qui les exclut.

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Marie-Christine BIDAULT

Marie-Christine Bidault est étudiante en journalisme à l'ESJ Paris. Par ailleurs Analyste en stratégies internationales (IRIS Sup') et Ingénieur en agriculture (ISARA Lyon), elle s'intéresse fortement aux questions de géopolitiques environnementale, agricole et alimentaire, avec un intérêt particulier pour les politiques américaines.

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