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L’information, nouvel enjeu géopolitique 

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Le nouvel âge numérique offre-t-il une meilleure démocratie? La question se pose à regarder l’émergence de communautés transnationales. Capables de partager tout contenu en dehors du contrôle gouvernemental, les individus se trouvent aujourd’hui renforcés dans leurs capacités. Pourtant, si les gouvernements se voient devenir les nouvelles victimes de l’information, très vite, ces derniers ont-ils trouvé les moyens de la manipuler. 

L’information, nouvel enjeu géopolitique 
Fact check du site Dubawa.org démontrant le manque de preuve quand à la présence du président sur les lieux des enlèvements.

Manipulation de l’information

L’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM), définit le concept de manipulation de l’information comme “la diffusion intentionnelle et massive de nouvelles fausses ou biaisées à des fins politiques hostiles”. Aux États-Unis, cette pratique est représentative de l’aire Trump. Selon le Washington Post, en quatre ans, l’ancien président aurait en effet émis 30,573 mensonges. Soit près de 20 mensonges par jour. 

À Hong Kong, c’est la Chine qui s’attaque à la mémoire collective. La RTHK (radio-télévision publique hongkongaise) effacerait ainsi certaines de ses archives. Elles sont jugées trop critiques de la nouvelle politique chinoise et sont retirées. De cette façon, la Chine réécrit l’histoire. Elle supprime toute possibilité pour les Hongkongais de se renseigner sur les mouvements pro-démocratie de l’année passée. Il s’agit d’une stratégie à long terme qui accompagne une censure accrue  des réseaux sociaux depuis le début 2020. La propagation de “fausses rumeurs” est ainsi devenue un crime. Le 7 février 2020, 351 personnes avaient déjà été punies pour ce motif. 

L’institut Montaigne démontre l’usage tactique de la France ou de thématiques françaises par certains Etats. Bien que ne représentant qu’1,2% des campagnes de désinformation étudiées, cet exemple illustre la nouvelle expertise des états quant à la maîtrise de l’information. La publication de titres journalistiques serait, de fait, utilisée pour augmenter la crédibilité des gouvernements supportant ces campagnes. Des sujets tels que les attaques terroristes, les élections ou les manifestations françaises sont utilisés par l’Iran et le Venezuela. Certains tweets font également référence à des sujets positifs non controversés, tels que le sport et le tourisme français. L’intention est ici de construire des communautés d’internautes, notamment dans les  populations d’origine. La Serbie ou l’IRA en sont l’exemple. 

Fake news et deep fake 

Au Nigeria, le gouvernement utilise les “fake news” à son avantage. On peut prendre ici l’exemple des kidnappings du 11 décembre 2020, suivant lesquels 300 garçons furent enlevés dans l’État de Katsina. Le Président Buhari avait été critiqué pour son absence auprès des familles des enfants disparus. Un membre de son parti, Akinsola Akinboye, avait alors comparé deux photos sur Twitter. L’une représentait un hélicoptère de l’armée accueilli par la foule, l’autre la couverture d’un journal déclamant le refus présidentiel de toute aide internationale quant à la recherche des enfants disparus. Ce poste visait ainsi à décrédibiliser les médias en insinuant l’incohérence de leur contenu. Une information cruciale restait pourtant évidente: la couverture du journal, datant de 2014, faisait référence aux enlèvements de Chibok et non à ceux de Katsina, où 276 jeunes filles furent portées disparues. 

L’émergence de technologies de deep learning et le développement de deep fakes ont le potentiel d’aggraver ces situations. Prendre la voix et l’apparence d’un autre pourrait ainsi affecter la balance de pouvoir lors de négociations, de conflits ou d’élections.  

Esprit critique et biais humains

L’information semble porter atteinte au processus démocratique lui-même, notamment lorsque l’on considère les biais inhérents aux êtres humains. Les individus suivraient ainsi plus aisément toute information portant à confirmer leurs propres opinions. Ce concept de “biais de confirmation” ne laisse ni les manipulations, ni les mensonges de côté et nous invite à questionner l’avenir de la politique dans un monde où le message devient menace. 

La preuve sociale, principe issu de la sociologie, indique également la tendance de l’Homme à emprunter le comportement des autres lorsqu’il ne sait que faire ou que penser. C’est notamment le cas lorsque ceux-ci sont jugés similaires. Quand bien même certains individus viendraient à questionner le contenu d’un message, ils risquent d’être influencés par l’opinion des autres. L’expérience de Moscovici en est la preuve. Demandant aux participants de juger une couleur projetée au mur, cette expérience vit l’opinion d’une minorité consistante mettre à mal les certitudes de ceux qui formaient alors la majorité. Dans 8,4% des cas, elle les incita même à changer d’opinion. 

Ces biais prennent toute leur importance lorsque l’on considère la stabilité d’une société comme reposant sur l’échange et la confiance. Après tout, on ne connaît les uns que par les informations que l’on reçoit d’eux.

Sources

Olivero, P & Salvan C (2020) « 50 expériences de Psychologie pour mieux comprendre la nature humaine », Culture Sciences.
“Lying in states : fibbing politicians”, podcast The Intelligence, The Economist, 12/2019

 

 

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Gabrielle FRANCK

Gabrielle FRANCK est étudiante de niveau master, poursuivant un double diplôme «International Relations and Politics and Public Administration» dans les universités partenaires Charles (Prague) et Konstanz (Allemagne).

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