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« The Troubles » : quand l’Irlande du Nord était en guerre

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L'année 1972 sera la plus meurtrière du conflit: les attentats à la bombe de l'IRA se multiplient, comme ici en plein centre de Belfast.
L’année 1972 sera la plus meurtrière du conflit: les attentats à la bombe de l’IRA se multiplient, comme ici en plein centre de Belfast.

Entre 1966 et 1998, un conflit multiséculaire entre unionistes et nationalistes irlandais se réveille en Irlande du Nord, avec pour toile de fond des massacres à caractère religieux entre catholiques et protestants : cette période de violences, longue de trois décennies, restera dans l’histoire sous le nom de « The Troubles ».

Rattachée au Royaume-Uni en 1800 après plus de trois siècles de colonisation, l’Irlande n’obtiendra son indépendance qu’en 1921 à l’issue d’une guerre longue de près de deux ans menée par les nationalistes de l’Irish Republican Army (IRA). Cependant, si le Traité de Londres du 6 décembre 1921 donne naissance à l’État libre d’Irlande – qui ne deviendra l’Eire qu’en 1937 -, il scinde l’île en deux entités distinctes, l’Irlande du Nord à majorité protestante demeurant au sein du Royaume-Uni. Un Parlement d’Irlande du Nord est créé et un système de discrimination économique et politique se met en place envers une minorité catholique réduite au silence jusqu’en 1966, année où les premiers mouvements civiques catholiques apparaissent et où les tensions communautaires reprennent. Appelant à l’origine une simple réforme du code électoral avantageant la majorité protestante, les mouvements contestataires vont se radicaliser sous l’effet des répressions meurtrières de la police royale de l’Ulster (RUC) qui investit violemment plusieurs ghettos catholiques entre 1966 et 1969. Les incidents se multiplient et les catholiques se regroupent en milices d’autodéfense pour protéger leurs quartiers, bénéficiant du soutien tacite du voisin irlandais qui saisit l’Organisation des Nations Unis. L’IRA est pendant ce temps restée relativement effacée, elle qui avait abandonné la lutte armée en 1962, mais elle est tiraillée entre les partisans d’un retour aux actions militaires et ceux privilégiant une solution politique.

En 1969, les partisans du recours aux armes se fédèrent dans l’IRA provisoire (PIRA) : la lutte prend alors une teinte militaire affirmée entre les nationalistes irlandais et l’armée britannique.

La PIRA entreprend dans les années 1970 une véritable guérilla dans le nord de l’île, exerçant sa police dans les quartiers catholiques, menant des actions meurtrières contre les soldats britanniques venus rétablir l’ordre, qui à leur tour répondent à cette violence par des rafles et des internements sans jugements. Des cas de torture sont même rapportés. L’apogée de ce conflit singulier, durant lequel cohabitent des actions pacifiques de désobéissance civile et des actions paramilitaires violentes, est sans doute l’année 1972 : le 30 janvier, des militaires britanniques tirent dans une foule désarmée de 20 000 manifestants, faisant 14 morts. C’est le fameux Bloody Sunday, qui laissera un ressentiment durable parmi les catholiques irlandais. Durant les deux décennies suivantes les attentats se multiplient des deux côtés – Margaret Thatcher sera même prise comme cible en 1984 – mais les années 1990 sont celles du processus de paix : Tony Blair veut en finir et en 1998 est signé l’accord du Vendredi Saint mettant fin aux revendications irlandaises sur l’Irlande du Nord et prévoyant le désarmement des milices. Cependant des violences perdurent et ce n’est qu’en 2007 que cessent officiellement les actions militaires britanniques en Irlande du Nord, après 40 ans d’un conflit qui aura fait plus de 3500 morts mais qui n’a pas suffi à étouffer totalement les tensions communautaires.

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