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Les relations latino-étatsuniennes depuis 1990 (2/3)

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Alors que le début des années 1990 a été marqué par un profond rapprochement panaméricain, la fin de cette décennie et le début de la suivante sont marqués par des dissensions politiques puis économiques fortes sur le continent.

Hugo Chavez, premier à pourfendre les Etats-Unis... mais à lui vendre son pétrole, et symbole d'une recherche d'une indépendance latino-américaine impossible
Hugo Chavez, premier à pourfendre les Etats-Unis… mais à lui vendre son pétrole, et symbole d’une recherche d’une indépendance latino-américaine impossible

Qualifiés parfois de populistes, les mouvements qui vont peu à peu remplacer des gouvernements pro-américains en Amérique Latine se sont fait élire en profitant du marasme économique et social persistant existant ici et là. Le premier d’entre eux, le plus éloigné politiquement des Etats-Unis, le chavisme, arrive au pouvoir en 1998. Ses émules ont été nombreux dans les années qui suivirent, appliquant les principes bolivariens mis en place par Chavez, comme en Bolivie (Morales, dès 2005), ou en Equateur (Correa, dès 2007), voire en Argentine (Kirchner, dès 2003). D’autres pays ont également mis la barre à gauche, mais sans réellement viser l’affrontement avec les Etats-Unis : ainsi en est-il des mandats de Lula entre 2003 et 2011, ou de Michelle Bachelet au Chili. Reste que la décennie 2000 marque l’abandon quasi-définitif des préceptes libéraux sur le continent latino-américain, néanmoins plus dans les discours politiques que dans leur application concrète, y compris en Amérique Centrale (Nicaragua, Guatemala, etc.). Rares sont les pays du continent qui ont résisté à cette vague : citons les exemples de la Colombie, résistant à la gauche en partie en raison des résultats de la droite contre les FARC, ou le Mexique.

L’attitude double du continent vis-à-vis des Etats-Unis se ressent dans le développement des ensembles régionaux exposés précédemment. Le Mercosur croît, mais reste dans une attitude de profonde entente avec les Etats-Unis. Cela a entraîné, d’un côté, un renforcement des liens bilatéraux pour certains pays avec les Etats-Unis, insatisfaits de l’arrimage du Mercosur aux Etats-Unis (Chili par exemple). De l’autre côté, le bloc de résistance à l’expansion américaine s’est regroupé avec l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (ALBA), regroupant les pourfendeurs vénézuéliens, boliviens ou équatoriens. Cette division, non dénuée de double jeu (le rapprochement du Venezuela au Mercosur, ou la présence de pays de la Caraïbe à la fois dans leur propre bloc régional (CAFTA) et à l’ALBA), mine le développement régional, mais également panaméricain.

Nous sommes donc entrés, depuis quelques années, dans une troisième ère de relations panaméricaine : celle du bilatéralisme. Mercosur, ALBA, CAFTA, UNASUR voire ALENA et OEA (l’Organisation des Etats Américains) n’ont plus qu’un sens politique, mais de moins en moins économique. Chavez, volontiers offensif contre les Etats-Unis dans ses discours politiques, ne s’est pas privé de faire de son « ennemi » le premier acheteur de son pétrole vénézuélien. Il faut dire que la transition politique aux Etats-Unis, avec le départ d’un Bush ne marchant guère dans les pas de la ZLEA voulue par son père, et l’arrivée d’un Obama plus ouvert et moins conservateur ont réduit la méfiance réciproque entre les deux entités. D’où le rapprochement historique récemment décidé entre les Etats-Unis et Cuba, après des décennies d’embargo, et d’autres enjeux persistants, que nous détaillerons dans une troisième partie.

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