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Histoire des relations irano-étatsuniennes (1/3) : XIXème siècle – 1953

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Si l’on regarde aujourd’hui combien les sanctions étatsuniennes mettent à mal l’économie de l’Iran, il nous est difficile d’imaginer que les deux pays purent être alliés dans le passé. Plus étonnant encore, il nous est intuitivement inconcevable que le « Grand Satan » ait pu représenter à une époque un certain idéal pour l’Iran. Dans ce premier article d’une série en trois volets, il s’agit d’aborder la période allant du début du XIXème siècle à 1953. Au-delà des bonnes relations diplomatiques qu’entretenaient les deux pays, la société iranienne elle-même a pu présenter une certaine « américanophilie ».

Au début du XIXème siècle, l’Iran ne représentait que peu d’intérêts pour la puissance étatsunienne. Si les relations diplomatiques ne sont pas encore d’actualité, l’Iran va toutefois bénéficier de l’immigration de missionnaires protestants. Leur présence n’est pas perçue comme une invasion, au contraire, ils vont être les pionniers de la fondation de plusieurs institutions chères à l’Iran. Ils participèrent par exemple en 1851 à la création de l’ « école polytechnique » de Téhéran, une école qui continue de former les élites iraniennes. En 1857, une étape importante est franchie entre les deux pays. Il faut savoir que l’histoire de la Perse est faite d’une succession d’invasions étrangères : Grecs, Arabes, Mongols, Turcs. Or de 1856 à 1857, la guerre anglo-perse marque pour la première fois le soutien d’une grande puissance aux Iraniens. C’est grâce à l’appui étatsunien que l’Iran sort du conflit moins affaiblie qu’elle ne l’imaginait. Ce soutien s’explique alors par la lutte contre l’impérialisme de la Couronne britannique.

Statue située à Tabriz en l’honneur d’Howard Baskerville (1885-1909)

Les Etats-Unis défenseur des Iraniens…

Chantre de la liberté, la puissance étatsunienne devient alors une sorte de garantie de l’intégrité territoriale de l’Iran et vient refroidir pour un temps les velléités des puissances européennes voisines. Dans la continuité de ces bons rapports, les deux pays en viennent à se doter chacun d’ambassades en 1883. Face à l’Empire britannique et la Russie qui lorgnent sur leur territoire, les Iraniens se montreront admiratifs de ces missionnaires américains venus aider au développement du pays, parfois même à sa défense par les armes. A ce titre, il faut mentionner la figure d‘Howard Baskerville. Pour sa mort dans la défense de la ville de Tabriz où il enseignait, ce jeune missionnaire reste encore aujourd’hui le symbole de cette ancienne amitié entre les 2 pays.
Cependant, la première moitié du XXème siècle marque l’absence d’intervention des Etats-Unis dans un Iran en proie aux intérêts russo-britanniques. En 1911, les Russes tentent de remettre au pouvoir le Shah grâce à un coup d’Etat infructueux et en 1919, l’Iran devient un protectorat britannique. Ce n’est qu’à la sortie de la Seconde Guerre mondiale que les Etats-Unis retrouvent des intérêts en Iran. Ils redonnent sa souveraineté au Shah en 1946 en pressant l’URSS et la Grande Bretagne d’y évacuer leurs troupes.

Bien loin donc de l’image qu’entretiennent mutuellement les deux Etats aujourd’hui, cette période de leur histoire présentait les Etats-Unis comme une nation libératrice. L’important est ici de retenir qu’Américains et Iraniens entretenaient de bonnes relations entre gouvernants, mais aussi entre peuples. Malheureusement, le renversement de Mossadegh en 1953 vient rompre ce lien particulier au profit d’intérêts géostratégiques.

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