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Qu’est-ce que le consensus de Washington ?

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Souvent perçu comme étant les « Dix commandements » du néolibéralisme de l’école de Chicago, le consensus de Washington est un ensemble de dix règles établies par l’économiste américain John Williamson, dont le but est de redresser économiquement les Etats défaillants selon les principes libéraux de privatisations généralisées, libre échange et de retrait de l’Etat des dépenses sociales.

Cette caricature de Cabu représente bien la manière dont sont perçus les inspecteurs du FMI et de la BM depuis les années 1990 dans les pays en voie de développement et maintenant économies émergentes (pour certaines).
Cette caricature de Cabu représente bien la manière dont sont perçus les inspecteurs du FMI et de la BM depuis les années 1990 dans les pays en voie de développement et maintenant économies émergentes (pour certaines).

A la fin des années 1980, l’Amérique latine, et plus généralement les Etats en voie de développement, connaissent la « décennie perdue » : crise économique, hyperinflation, et instabilité politique sont omniprésentes. Très en difficulté, ils demandent alors l’aide des institutions financières mondiales que sont le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Mondiale (BM). Les Etats-Unis étant les principaux bailleurs de fond de ces deux organisations, le trésor américain (la Fed), agit comme un troisième acteur. Ces institutions acceptent de prêter des fonds uniquement si les Etats demandeurs s’engagent à se réformer pour appliquer ces principes de 1989 :

1 Discipline budgétaire : car les déficits sont source d’inflation et d’endettement public. Ces déséquilibres aboutissent à des crises de change et une perte de confiance des investisseurs internationaux.
2 Réorientation des dépenses publiques. A la fois dans l’esprit de l’équilibre budgétaire, de la diminution des charges fiscales mais aussi de la réduction des inégalités sociales et de l’efficacité de ces dépenses.
3 Action sur les taux d’intérêt par l’intermédiaire d’une politique monétaire équilibrée (mesure typique des néolibéraux de l’école de Chicago): rompre avec les facilités de monétisation de la dette publique, stimuler l’investissement de l’épargne locale dans des projets efficaces et porteurs d’avenir et attirer les investisseurs.
4 Un taux de change unique et compétitif, pour que les exportations se développent et pour que les investisseurs étrangers soient intéressés à des implantations de longue durée.
5 Libéralisation de l’économie liberté du commerce en général et du commerce extérieur par-dessus tout.
6 Ouverture aux capitaux et investissements étrangers.
7 Une fiscalité mieux répartie entre les agents de l’économie, gestion rigoureuse, diminution des taux les plus élevés mais élargissement de la base imposable.
8  Dénationalisations systématiques.
9 Abolition des barrières à l’entrée ou à la sortie sur les marchés de biens et de capitaux.
10 La  propriété privée et la propriété intellectuelle doivent être promues et protégées.

De nombreux pays acceptèrent et d’autres, comme l’Argentine, refusèrent. Les résultats sont très variables d’un pays à l’autre mais globalement négatifs car ils apportent peu de résultats économiques à moyen et à long terme et frappent durement les politiques sociales et les systèmes politiques de la majorité des pays. Les envoyés du FMI et de la BM se montrent intransigeants dans l’application de ces points en répétant que la situation finira par s’améliorer d’elle-même avec ce système entièrement déréglementé. Ils ne tiennent absolument pas compte des caractéristiques politiques ou économiques locales.

Cette attitude et le peu de résultat flagrant obtenu font  de ce consensus et du FMI et de la BM la bête noire des pays en développement, une haine qui perdure aujourd’hui. Ces institutions ont durant les années 2000, révisé leurs politiques et appliquent des mesures bien plus souples. Malgré ce gâchis, aucune alternative néo-keynésienne ou altermondialiste n’a pu être efficacement mise en place.

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