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Friedrich Ratzel – Biographie

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À la croisée des sciences naturelles et de la géographie : la naissance de la géopolitique.
À la croisée des sciences naturelles et de la géographie : la naissance de la géopolitique.

Né en 1844 à Karlsruhe et décédé en 1904, Friedrich Ratzel est un géographe allemand considéré comme le premier véritable concepteur de la géopolitique.

Ratzel illustre bien les différences existantes entre géographies française et allemande. Initialement pharmacien, il se réoriente en fait progressivement vers les sciences de la Terre, plus précisément vers la zoologie. Devenu docteur en la matière, il décide avant d’enseigner de se lancer dans une série de voyages qui l’emmènent entre autres en France, Hongrie, États-Unis ou encore à Cuba… Un goût pour l’étranger qui le conduit à s’intéresser de plus près à la géographie et dont il témoigne à travers de nombreux récits journalistiques.

En digne successeur de Von Humboldt et Ritter, Ratzel va dès lors développer une approche de la discipline géographique proprement allemande à travers la parenté qu’il établit entre les sciences naturelles et la géographie (quand la géographie française se caractérise par une forte filiation à l’Histoire).

Lecteur assidu de Darwin, Ratzel en arrive à définir la géopolitique comme « étude de l’État en tant qu’organisme vivant disposant d’une dimension spatiale et soumis à des cycles de vie déterminant ses variations frontalières ». En filant la métaphore biologique, il insiste donc sur l’importance de l’attachement au sol dans la constitution d’une conscience nationale : plus qu’un simple paramètre, la relation intime qu’un peuple noue avec l’espace dans lequel il vit est la condition sine qua non de l’existence et de l’expansion d’une nation. Le darwinien qu’il est distingue dès lors les naturvölker des kulturvölker, les seconds étant destinés à dominer les premiers car maitrisant les outils et moyens techniques nécessaires pour s’adapter à tout type de milieu. C’est donc une vértitable approche déterministe que développe Ratzel, qui à un milieu naturel donné associe de manière systèmatique un type de population donné. Une approche mêlant ainsi sciences naturelles et sociales, qui se retrouve dans le titre de son œuvre majeure, Anthropogéographie, et qui ne manque pas de susciter de nombreuses critiques, de la part notamment de l’école française de géographie, emmenée par Paul Vidal de la Blache. La géographie française, bien qu’elle aussi marquée par un certain déterminisme naturel, nuance bien plus son propos en adoptant une démarche dite « possibiliste », insistant sur la diversité des solutions développées par les Hommes face à un même milieu naturel.

Toujours est-il qu’une telle conception de l’État conduit l’ « anthropogéographe » allemand à considérer les relations internationales comme une concurrence acharnée entre chaque pays, dans une lutte d’extension de leurs territoires et aires d’influence. Une conception qui trouvera surtout plus de 20 ans après la mort de Ratzel un écho certain parmi les cercles nationaux-socialistes, notamment à travers la personne d’un universitaire munichois, Karl Hausofher, développant le concept de Lebensraum (Espace vital) à partir d’une interprétation des écrits de Ratzel.

Une filiation malheureuse qui ne doit pas faire oublier les profondes avancées apportées par Friedrich Ratzel à la géographie moderne. Là où la géographie politique se contente d’étudier les différentes entités politiques (des « stocks » pourrions-nous dire) dans leur dimension spatiale, Ratzel souligne avec la géopolitique l’existence entre eux de mouvements et frictions (des « flux »), ouvrant la voie à une nouvelle définition des conflits interétatiques : celle les présentant comme la confrontation de représentations différentes voire opposées d’un même espace.

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