Thomas Sankara – Biographie
Thomas Sankara naquit le 21 Décembre 1949 à Yako en Haute-Volta (ancien Burkina Faso). Fils d’un Peul et d’une Mossi, le jeune Sankara est remarqué très tôt par les prêtres d’une mission catholique. Elève brillant, ils l’imaginent bien entrer au séminaire.
Toutefois, c’est la médecine qui l’intéresse. Faute de bourse pour ses études, il s’oriente alors vers l’armée. Après son lycée au Prytanée Militaire de Kadiogo, il intègre l’école inter-armée de Yaoundé au Cameroun. Par la suite, il part à Madagascar à l’académie militaire d’Anstirabé. Il arrive en plein tournant malgache vers le socialisme. Il profite de ce séjour pour étayer sa palette de compétences. S’intéressant à l’économie, au journalisme, il excelle également en sport et dans l’art oratoire. C’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser à la politique, fasciné par l’expérience révolutionnaire qu’il vit.
Il entreprend par la suite différents stages dans les parachutistes en France et au Maroc. C’est durant cette période qu’il rencontre Blaise Compaoré, avec qui il fonde le Regroupement des Officiers Communistes (ROC) en 1976. Ce groupe d’officiers est très engagé à gauche, et farouchement anticolonialiste. Reconnu pour ses capacités militaires par ses pairs, il prend la direction d’une école chargée de former les commandos voltaïques la même année.
En 1981, il rentre en politique en devenant secrétaire d’Etat chargé de l’information. Il démissionne peu après, dès Avril 1982, voyant que sa lutte personnelle contre la corruption était inefficace. En Janvier 1983, il est cette fois appelé en tant que Premier ministre. Bénéficiant déjà d’un important capital sympathie, il entame des réformes populaires en s’attaquant à ces sujets de prédilections (équité salariale, lutte contre la corruption). A l’extérieur, il se tourne vers les pays réputés progressistes comme l’Ethiopie, l’Angola, ce qui a le don d’agacer certains pays voisins.
Toutefois, il est limogé et mis aux arrêts dès le mois d’Avril. Les soupçons portent toujours sur une pression coordonnée de la France et de la Côte d’Ivoire, qui ne cachaient pas leur hostilité face à ce réformateur troublant le cadre de la Francafrique. Sa popularité est cependant sous-estimée, et dès le mois d’Août 1983, un coup d’état le porte au pouvoir.
Une des premières mesures symboliques prises par le nouveau président sera de changer le nom du pays : l’ancienne colonie française de la Haute Volta s’appellera désormais le Burkina Faso, qui signifie « Terre des hommes intègres ». Il apporte une réelle fraicheur dans la politique africaine de l’époque : résolument anti-impérialiste et anticolonialiste, il dénonce ce qu’il appelle les « régimes clients » comme la Côte d’Ivoire et le Mali. Le Burkina Faso se range alors dans le mouvement des pays non-alignés. Ces orientations lui valent le surnom de « Che Guevara africain ». Sur le plan intérieur, il continue à mener les réformes entamées lorsqu’il était Premier ministre. Il crée les Comités Défense de la Révolution (CDR) chargés d’appliquer au niveau local les réformes et de coordonner les grandes actions nationales.
Cependant, l’économie burkinabé continue de s’enliser et la population connait plusieurs fois des périodes de famine. De plus, en voulant lutter contre la bureaucratie, il supprime des milliers de postes de fonctionnaires, parfois indispensables pour faire vivre toute une parentèle. Sur le terrain, les chefs des CDR se comportent de plus en plus comme des potentats locaux.
Le 15 Octobre 1987, il est assassiné à Ouagadougou lors d’une réunion par un raid commando qui tue au passage sept de ses collaborateurs. De forts soupçons pèsent toujours sur l’actuel président, Blaise Compaoré, ancien bras droit de Sankara, comme étant le commanditaire du meurtre. Encore aujourd’hui, Sankara bénéficie d’une importante popularité au sein de la population africaine.