Qu’est-ce que la Triade ?
Le terme « Triade » est communément employé pour désigner les trois régions motrices de l’économie mondiale : les Etats-Unis, l’Europe occidentale et l’Asie orientale. Il apparaît en 1985, sous la plume de l’économiste japonais Kenichi Ohmae, dans son ouvrage Triad Power, The Coming Shape of Global Competition.
La multiplication considérable des échanges depuis la fin de la seconde guerre mondiale a principalement profité à ces 3 espaces. Ainsi, la Triade peut s’appuyer sur les trois principales monnaies du monde (dollar, euro, yen), les principales bourses (Wall Street, Euronext…) et les plus grandes banques du monde (Bank of America, HSBC…). Elle contrôle les grands flux de communication et de transport (ports, aéroports, médias…). Les ¾ des firmes transnationales y ont leur siège social dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique, l’automobile, l’agroalimentaire ou l’industrie pétrolière. Ces régions ne dominent pas seulement l’économie mondiale mais également la conduite de la politique internationale. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont leur siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU et sont des puissances nucléaires officielles. On y trouve aussi les sièges des principales organisations internationales, des technopôles et universités performants… Autant d’éléments qui attestent de l’attractivité de ces espaces.
Pour résumer simplement, ces centres d’impulsion concentrent la puissance dans tous les domaines : économique, financier, industriel, militaire, diplomatique, culturel… Le géographe Laurent Carroué résume ainsi cette omnipotence : « 20% de la population dispose de 80% du PNB, 70% de l’industrie, 85% de la recherche développement, 60% des services de transports et du stock d’IDE ».
Une puissance persistante mais de plus en plus contestée
Dans la droite ligne de la pensée d’Ohmae, l’opposition entre la « Triade » d’une part et le « Tiers-monde » d’autre part, ou encore le « Nord » et le « Sud », a fourni une grille d’analyse intéressante et pertinente des inégalités de richesse dans le monde. Toutefois, aujourd’hui, les pays de la Triade font l’objet de vives critiques tant pacifiques (boycotts, manifestations) que terroristes (attentats du 11/09). Accusés par les uns d’imposer un impérialisme économique, dénoncés par d’autres pour leur rôle dans le réchauffement climatique, ces aires de puissance semblent aujourd’hui en repli.
De fait, la hiérarchie entre les espaces s’est complexifiée de part l’insertion dans l’économie de marché des pays de l’ex-bloc socialiste et des BRICS. Si la prédominance de la Triade persiste, une économie multipolaire émerge. Par exemple, on ne peut manquer de constater que la part des pays émergents dans l’économie mondiale ne cesse de gagner du terrain au détriment de la Triade. Il faut néanmoins relativiser le poids croissant de ces derniers du fait de la corruption qui paralyse leur développement et du carcan de règles obligatoires instaurées par les pays développés (respect de l’environnement, organisations internationales…).