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Qu’est-ce que le Parti Baas ?

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Le parti Baas est un parti politique arabe dont les principes s’articulent autour du panarabisme, du socialisme et de la laïcité. Il se développa principalement en Irak et en Syrie.

le symbole du Parti Baas syrien
le symbole du Parti Baas syrien
Si plusieurs personnes ont contribué à l’essor du parti Baas, on considère que ces deux fondateurs sont les syriens Michel Aflak et Salahedine Bitar. Le premier est un chrétien orthodoxe, ayant étudié l’histoire à la Sorbonne, inspiré par de nombreux auteurs comme Marx, Proudhon, Rolland, Bergson. Le second est le fils de marchands sunnites, parti également étudier à la Sorbonne où il rencontre Aflak, s’intéressant au nationalisme et au marxisme. Une fois rentré en Syrie, ils enseignent tous les deux au lycée Tajhiz al-Ula de Damas où ils continuent à développer leurs idées.

En 1939, ils fondent un cercle de réflexion arabe, la « Renaissance arabe » qui débouchera sur la création d’un parti en 1941, le Parti Baas (« résurrection » en arabe). Ce parti est le fruit de plusieurs décennies agitées au Proche-Orient (démembrement de l’empire Ottoman, mandat occidentaux, guerres mondiales) et le surgissement du nationalisme arabe, de la montée en puissance de l’idéologie socialiste. Le premier congrès a lieu en 1947, prenant pour devise « Unité-Socialisme-Liberté ».

Dans la doctrine Baas, l’accent est mis particulièrement sur l’unité de la nation arabe. Aflak parle d’une seule nation arabe « de l’Atlantique au Golfe ». La nation arabe fait une par sa culture, son langage, ses traditions, et ne doit tomber dans le morcellement territorial et les frontières artificielles imposées par les puissances coloniales. Le parti Baas se revendique laïc, tout en reconnaissant à l’Islam son apport dans l’expression de la spiritualité arabe. Toutefois, il ne fait pas la promotion de la charia, considérant que la diversité religieuse fait partie intégrante de l’identité arabe. Se revendiquant du socialisme, les membres du parti baasiste sont en faveur de l’interventionnisme de l’Etat. Ils rejettent néanmoins le communisme et le marxisme, considérant que le concept de lutte des classes, la privation de liberté, son athéisme et son idéologie internationaliste ne sont pas compatibles avec la spiritualité et le nationalisme arabe. Ils se revendiquent également anti-impérialistes et antisionistes.

S’il est fondé en Syrie, des antennes du parti sont créées en Irak, en Jordanie et au Liban. Dans le contexte de la décolonisation, l’idéologie pan-arabiste et socialiste du Baas a du succès. Le Baas sera toutefois un temps dans l’ombre de Nasser, qui devient le leader du nationalisme arabe avec l’affaire de Suez en 1956, bien que les idées de Nasser et des bassistes soient proches. C’est durant cette période que le panarabisme prendra le plus concrètement forme avec la création de la République Arabe Unie (RAU) en 1958, mais qui disparait dès 1961. Le parti Baas atteint alors son apogée dans les années soixante, arrivant au pouvoir successivement en Syrie en 1963 (toujours au pouvoir) puis en Irak en 1968 (la structure est dissoute en 2003 suite à la chute de Saddam Hussein).

Paradoxalement, l’idéologie bassiste perd de son attrait progressivement avec son arrivée au pouvoir (tout comme le courant du panarabisme). Plusieurs facteurs ont contribué à ce déclin : la défaite des pays arabes contre Israël en 1967 ; la stabilisation des différents régimes plus tournés vers l’intérêt national que le panarabisme ; la montée en puissance de l’Arabie Saoudite ; les contradictions idéologiques fortes comme l’alliance irano-syrienne ou la signature de Camp-David pour l’Egypte en 1979 ; la concurrence d’autres idéologies nationalistes ou religieuses. De plus, le parti Baas est aujourd’hui affilié aux dérives et échecs qu’ont connus la Syrie et l’Irak : le parti devenant de plus en plus un organe de contrôle de patronage ; la militarisation de la société et l’autoritarisme de l’Etat ; le culte de la personnalité et la captation du pouvoir par une communauté ; la difficulté à développer l’économie en dehors du pétrole et le recours progressif à la libéralisation dans certains secteurs.

« L’Islam a été la pulsion vitale qui a révélé aux Arabes les potentialités et les forces latentes qui résidaient en eux. Il les a projetés sur la scène de l’histoire. L’Islam est la meilleure expression du désir d’éternité et d’universalité de la nation arabe. Il est arabe dans sa réalité et universel dans ses idéaux » Discours « A la mémoire du Prophète arabe », Michel Aflak.

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