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L’Irlande, fierté de l’Union Européenne

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Depuis trois ans, l’Irlande connaît un rebond économique spectaculaire. En 2014, l’Europe s’était déjà montrée impressionnée par la croissance élevée du pays celtique (4,8%), mais que dire de 2015 et de ses 7,8% de croissance ? Il s’agit bien évidemment du meilleur taux de la zone euro, dont la croissance moyenne atteignait difficilement les 1,6% en 2015. « Le Tigre celtique », surnom attribué à l’Irlande dans les années 90, revient pourtant de loin. Embourbé dans crise des subprimes, le pays faisait parti des fameux « PIGS » (Portugal, Irlande, Grèce, Espagne) en 2011, un acronyme peu flatteur pour définir ces quatre mauvais élèves de la zone euro.

irlandeDepuis, le chômage est passé de 15% en 2012 à 8,5% en 2015, le déficit budgétaire a été éliminé et le pays voit revenir ses jeunes exilés depuis la fin des années 2000. La réussite de l’Irlande est due au retour des investisseurs, facilité par une politique qui ne fait pas l’unanimité dans l’UE : l’attractivité fiscale. Avec 12,5% de taux d’imposition sur les sociétés, l’Irlande pratique l’imposition la plus faible de l’UE, comparé à l’Allemagne et ses 30%. Google et Facebook ont ainsi tous deux profité de cette aubaine pour installer leur siège européen en Irlande. Le pays a aussi pu compter sur sa richesse intérieure avec une croissance du PNB de 5,7% et une augmentation de la production industrielle de 13,7% selon l’Office central des statistiques irlandaises (CSO).

Ces résultats, qui font rêver l’Europe entière, ont néanmoins eu un coût social élevé. Suite à la crise, l’Irlande a dû sauver toutes les banques du pays, en les nationalisant partiellement. S’en est suivi une sévère politique d’austérité de la part du gouvernement d’Enda Kenny : hausse des impôts, coupe dans les aides familiales, baisse des salaires de 10 % dans la fonction publique, celui des jeunes a été diminué d’un tiers… La pauvreté a augmenté, mais le déficit s’est réduit, les marchés financiers ont alors de nouveau accordé leur confiance à l’Irlande. Maintenant que le pays s’est redressé, il est présenté comme le modèle à suivre pour les États en difficulté.

Pourtant, la victoire économique du gouvernement Kenny ne s’est pas traduite par les urnes. Car si le parti reste en tête à la suite des élections législatives de 2016, avec 25,5% des sièges, il perd plus de 10% des voix par rapport à 2011, ce qui implique la perte de 17 sièges (sur 166 au total, dans le Parlement irlandais). Un résultat qui va obliger le parti d’Enda Kenny, « Fine gael », à créer une coalition pour gouverner. Finalement, le redressement économique, aussi incroyable soit-il, n’aura pas autant séduit les Irlandais que l’UE et le FMI.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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