Les énergies renouvelables en Suède, un modèle pour l’UE
Avec en moyenne 78% de son électricité issue de sources renouvelables en 2015 (contre 32,5 % en moyenne dans l’UE) selon l’AIE, le modèle énergétique nordique (Suède, Norvège, Danemark, Finlande) est promu dans toute l’Europe. Si ces résultats exemplaires peuvent s’expliquer par une géographie favorable, ils sont surtout le fruit d’un volontarisme politique déclenché par le choc pétrolier de 1973, et d’une coopération forte entre ces pays en cas d’intermittence. Parmi eux, la Suède joue un rôle de premier plan. Avec 53 % de sa production d’énergie primaire issue d’énergies renouvelables en 2015, elle se classe en pole position dans l’Union Européenne (moyenne à 16,7 %).
D’ici à 2030, la Suède s’est donné l’ambitieux objectif de devenir le premier pays au monde sans énergies fossiles. Pour ce faire, elle peut compter sur un secteur hydraulique performant (40,7% de son électricité) fondé sur une aménité naturelle : les nombreux cours d’eau à fort débit qui parcourent le pays. La centrale hydroélectrique de Stornorrfors, au nord de la Suède, est ainsi le principal producteur d’électricité du pays (hors nucléaire).
La Suède se veut être également un modèle d’urbanisme. En 2012, son système de chauffage urbain était alimenté à 83,5% par des énergies renouvelables (biomasse, déchets, pompes à chaleur). Preuve de son engagement, le pays s’est doté d’un réseau de bus utilisant en majorité des biocarburants (seul 1% du parc fonctionne au diesel). La Suède peut également se prévaloir d’éco-quartiers mondialement connus, à l’instar de Västra Hamnen, dans le port de Malmö. Ancien bourg industriel (chantiers navals, usines automobiles de Saab) en déclin dans les années 1990, ce quartier, aujourd’hui prisé par les jeunes cadres, est alimenté à 100% par des énergies renouvelables. Son électricité provient des panneaux solaires installés sur les toits et de l’éolienne située à quelques encablures, alors que ses déchets organiques sont transformés en biogaz qui approvisionne les 200 bus de la ville.
Toutefois, ce modèle a un coût : les énergies renouvelables coûteraient, à court-terme, entre 5% et 23% plus cher que les énergies fossiles. L’Etat a donc mis en place une fiscalité « verte », qui lui a rapporté en 2010 pas moins de 10,4 milliards d’euros, soit 10% des impôts collectés. Elle s’appuie notamment sur la taxe carbone (120€ / tonne de CO2), mise en place en 1991, qui, en plus de constituer une mesure incitative pour les entreprises, lui a rapporté 2,3 milliards d’euros en 2010. A cet égard, les entreprises suédoises se montrent impliquées dans le développement des énergies renouvelables. Ikea a ainsi fait de son indépendance énergétique un levier de sa croissance. Pour ce faire, la firme a dépensé 600 millions d’euros en 2015 dans l’éolien et le solaire, qui viennent s’ajouter aux 1,5 milliards d’euros investis en 2009.
Gouvernements, entreprises, citoyens, tous ont fait des énergies renouvelables une priorité pour leur avenir.