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Risques et réalités des armes biologiques (1/2)

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Au même titre que les armes nucléaires et chimiques, les armes biologiques font partie des « Armes de destruction massive » (ADM). Elles auraient été utilisées pour la première fois par Hannibal, quand celui-ci a fait jeté des serpents venimeux sur des bateaux ennemis (184 avant J.C.). Avant d’étudier les risques représentés par ce type d’arsenal, nous ferons une présentation des différents agents, ainsi qu’un historique de leur utilisation.

Qu’entend-t-on par le terme « guerre biologique » ?

Par « guerre biologique », on désigne l’utilisation volontaire de pathogènes ou de toxines, contre des êtres humains, du bétail, ou encore des cultures. Les pathogènes sont des micro-organismes contagieux (virus,  bactérie, champignon, protozoaire…). Tandis que les toxines sont des poisons produits par un organisme vivant. En fonction de la cible choisie, on choisira un agent biologique différent. Par exemple, pour contaminer du bétail, la souche de la fièvre aphteuse peut être utilisée.

Les effets des différents agents biologiques varient énormément. Certains peuvent tuer rapidement (c’est le cas de l’anthrax, si inhalé), tandis que d’autres sont juste utilisés comme des incapacitants. Selon les Nations Unies, il existe cinq principaux types d’agents biologiques pouvant être utilisés dans des armes :

  • Bactéries ; organismes unicellulaires. Ex : bacillus anthracis (anthrax), brucella suis, vibrio cholerae
  • Rickettsies ; micro-organismes parasites, dont la structure est comparable à celle des bactéries. Ils vivent dans des cellules pour pouvoir se développer. Ex : typhus, Coxiella burnetii (la fièvre Q ou coxiellose).
  • Virus; plus petits que les bactéries, ils peuvent seulement se reproduire dans des cellules d’êtres vivants. Ils ne peuvent pas être soignés grâce à des antibiotiques (contrairement aux bactéries et aux rickettsies), et sont généralement incurables. Ex : virus d’Ebola, virus de la fièvre jaune…
  • Champignons ;  Micro-organismes produisant des spores et se nourrissant de matière organiques. Ils ne sont pas nuisibles pour les êtres humains, mais plutôt pour les plantes. Ex : Colletotrichum kahawae
  • Toxines ; poisons produits naturellement, ou artificiellement. Ce ne sont pas des organismes vivants, donc ils ne se propagent pas comme les quatre autres agents. Ex : la ricin ou la toxine botulique (aussi connue pour son utilisation en chirurgie esthétique et réparatrice – botox).

A la différence des armes chimiques, la majorité des agents biologiques ne sont pas fabriqués par l’homme.

Les armes biologiques ont-elles déjà été utilisées par des États ?

Des pathogènes ont été volontairement utilisés dans un but militaire dès le début du XXème siècle. Pendant la Première Guerre mondiale, des allemands ont ainsi essayé de contaminer les chevaux des alliés transportant des munitions ou du ravitaillement. Durant la Seconde Guerre mondiale, les deux camps pouvaient transformer en arme la bacillus anthracis, et d’autres agents. Cependant, ils ne les ont pas utilisés en Europe. Ils ont par contre été utilisés  par les Japonais contre des citoyens chinois : le nombre de victimes est estimé à 500 000.

Pendant la Guerre froide, l’URSS, mais aussi le bloc de l’Ouest, ont développé des programmes de production d’armes biologiques. Les États-Unis ont même réalisé des tests grandeur nature dans la baie de San Francisco, ou encore à New York, avant de mettre un terme à leur programme en 1969. L’ampleur du programme russe n’est toujours pas connue. Il aurait continué malgré la signature de la Convention sur l’interdiction des armes biologiques.

Aujourd’hui, quelle est la législation existante régulant l’utilisation de ces armes ?

La Convention sur l’interdiction des armes biologiques (CABT) a été signée le 12 avril 1972, avant d’entrer en vigueur le 26 mars 1975. A ce jour, elle compte 178 États parties. Ils se sont engagés à :

  • Ne pas développer, produire, stocker, acquérir et transférer des armes biologiques ;
  • Ne pas utiliser des armes biologiques ;
  • A détruire leurs stocks d’armes biologiques – s’ils en possédaient avant de s’engager – ou à les convertir pour une utilisation à des fins pacifiques ;

Même ci cette convention est un véritable traité de désarmement, visant à empêcher toute prolifération verticale et horizontale, elle a quelques écueils. Ceci est notamment dû au fait que l’industrie pharmaceutique s’est opposée à l’implantation de nombreux systèmes de vérifications. En effet, la CABT ne dispose pas de sa propre organisation internationale chargée de faire des contrôles (comme c’est le cas pour la Convention sur l’interdiction des armes chimiques). En outre, elle n’impose pas la destruction ou la conversion des anciens lieux de production.

Dans le prochain article, une étude des risques actuels liés à l’utilisation des armes biologiques (notamment par des groupes terroristes) sera faite.

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