Les pays émergents bousculent l’ordre économique mondial
Depuis les années 2000, le poids des pays émergents dans l’économie internationale ne cesse de s’accroître. La crise de 2008 a accéléré cette dynamique alors que les économies occidentales, en difficulté, faisaient appel aux investisseurs chinois moins touchés par la dépression. Ces bouleversements ont entraîné une mutation de l’ordre économique mondial, qui fait l’objet de nombreuses critiques. En effet, les pays émergents accusent les pays développés d’exercer un contrôle hégémonique sur les institutions. Ils cherchent alors à développer leurs propres organisations.
Au début des années 1990, les échanges Nord-Nord entre pays développés représentaient plus des deux tiers des flux commerciaux. Aujourd’hui, ils comptent pour moins de 50%. Les transactions Sud-Sud, qui, dans les années 2000, peinaient à atteindre les 20%, sont désormais responsables d’un tiers des échanges globaux. Voyant leur puissance ainsi augmentée, les pays émergents ont cherché à s’unir pour faire valoir leurs revendications dans les organisations internationales. S’ils sont déjà présents dans les structures majeures telles que la Banque mondiale, le Fonds monétaire international ou encore à l’Organisation mondiale du commerce, ils continuent de dénoncer des inégalités de représentativité.
En effet, la plupart de ces institutions ont vu le jour après-guerre, alors que les Américains et les Européens dominaient largement l’ordre économique. Si quelques efforts ont été faits pour réformer ces entités et les rendre plus démocratiques, les processus sont longs et les acteurs sont parfois réticents. Ainsi, Barack Obama a essuyé plusieurs échecs face au refus du Congrès américain de modifier l’attribution des droits de vote au sein du FMI. En conséquence, les Occidentaux sont sur-représentés alors que les pays émergents sont sous-représentés. Pour contourner ce problème, ces derniers ont créé de nouvelles organisations parallèles.
Ainsi, en 2014, la Nouvelle banque de développement a vu le jour à Shanghai accompagnée d’un Fonds de réserve baptisé « Contingency Reserve Arrangement » destiné à enrayer les crises économiques à court terme. A la différence du FMI, ce mécanisme n’exige pas de réformes structurelles, une condition essentielle pour ses membres qui voient, dans les demandes du FMI, une ingérence. En 2015, l’Asian Infrastructure Investment Bank est lancée à travers une grande campagne médiatique. Cette initiative a fortement déplu aux Etats-Unis qui y ont vu une concurrence à leur Banque asiatique de développement. Ils ont d’ailleurs tenté de convaincre les Britanniques de ne pas y participer, en vain.
La remise en cause de l’ordre économique mondial par les pays émergents repose sur une stratégie d’affirmation régionale. La structuration de pôles économiques régionaux semble avoir pris le pas sur l’approche multilatéraliste.
Sources
http://www.afri-ct.org/wp-content/uploads/2017/07/AFRI_2016_Wintgens_Zacharie.pdf