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Le dutch disease ou le syndrôme hollandais, facteur explicatif de la désindustrialisation

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Le dutch disease ou "maladie hollandaise" est une situation où un surplus de revenus engendre une désindustrialisation du pays.
Le dutch disease ou « maladie hollandaise » est une situation où un surplus de revenus engendre une désindustrialisation du pays.

Le dutch disease ou syndrôme hollandais est en économie une situation où un surplus de revenus engendre une détérioration des prix relatifs de biens non exportables (services) par rapport aux biens exportables (industries) et une désindustrialisation.

On dirait une chanson de Barbara. A Groningen, il n’y avait ni la Seine ni le bois de Vincennes mais, à partir de 1959, on y découvrit le plus grand gisement de gaz de l’Europe occidental. Le surplus apporté par ces nouvelles ressources favorisa une hausse de la demande nationale néerlandaise et profita, à court-terme, à la croissance. Plus riches, les bataves désirèrent plus de produits industriels, exportables dans le monde entier, et plus de biens et services non exportables. Un surplus de demande pour une offre stable. Les prix pouvaient monter, au bénéfice des producteurs ! Cependant, sur un marché mondial où s’exercent les forces de la concurrence internationale, les prix industriels ne peuvent partir à la hausse : si un concurrent chinois propose une armoire à 10$, l’industriel hollandais devra maintenir son prix aux alentours de 10$ sous peine de perdre des parts de marché face aux produits importés. En revanche, sans produits de substitutions et protégés des importations, les biens non exportables et les services virent leur prix augmenter. C’est ainsi que le prix relatif des services et biens non exportables par rapport aux biens exportables augmenta.

Cette hausse du prix relatif a deux conséquences potentielles :

  • La hausse du chiffre d’affaires des entreprises de services et de biens protégés du commerce extérieur leur permet d’appliquer des rémunérations plus attractives pour leurs employés ce qui attire les travailleurs vers ce secteur au détriment des autres industries. En conséquence, les industries de biens exportables sont contraintes de payer plus chers leurs fournisseurs (hausse des prix des services) et leurs employés (pour les conserver) et deviennent moins profitables.
  • L’augmentation des exportations de matières premières se traduit, à court terme, par une appréciation de la monnaie locale et par conséquent une pénalisation des industries de biens exportables moins compétitives lorsque le taux de change est haut.

Les investisseurs, au moment de choisir, préféreront se lancer dans les secteurs de services et de biens non exportables : en résulte une désindustrialisation de l’économie. Lorsque la rente s’amenuise à moyen-terme, la reconstitution d’un tissu industriel de biens exportables prend plus de temps que la destruction que nous avons étudiée.

Aujourd’hui, selon les études de Patrick Artus, les pays exportateurs de matières premières (Russie, OPEP, Afrique du Sud, Canada, Australie) sauf le Brésil sont tous concernés par la maladie hollandaise : hausse du prix relatif des services, pertes d’emplois industriels, déficit commercial hors matières premières, … En Afrique, de nombreux pays sont confrontés au même problème. C’est probablement le cas du Ghana ou du Nigéria, les deux étoiles montantes du continent ! Sauf que l’industrie propose des emplois plus qualifiés, avec des perspectives de carrière, des hausses de productivité potentielles … donc de croissance. Elle permet surtout de protéger le pays d’un déficit commercial chronique.

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