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Le traité de Sèvres et la guerre d’indépendance turque (1919-1923)

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A l’image des Traités de Versailles et de Saint-Germain, le traité de Sèvres a consacré la chute d’un géant au lendemain de la Première Guerre Mondiale. Signé le 10 août 1920, il dépèce l’Empire Ottoman, provoquant à terme la fin du sultanat et l’avènement de Mustafa Kemal.

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Mustapha Kemal, héraut et héros de la résistance nationaliste turque face à la sévérité du traité de Sèvres

L’Empire ottoman sort exsangue du premier conflit mondial. Vaincue sur tous les fronts (Syrie, Thrace, Irak), la Sublime Porte semble vouée à une implosion irrémédiable. Le sultan Mehmet VI, arrivé au trône en juillet 1918, souhaite hâter le processus de paix afin de pouvoir éviter un démantèlement trop poussé. Il écarte donc d’emblée la résistance aux forces d’occupations anglaises, françaises mais aussi italiennes et grecques.
La signature, par les mandataires du sultan, du traité de Sèvres est perçue comme une authentique trahison par la population. Ceci explique le ralliement massif autour de Mustapha Kemal qui crée à Ankara un second pouvoir politique et lance la révolte.
Le traité est, il est vrai, particulièrement sévère pour l’Empire ottoman. Son territoire passe ainsi de 1 780 000 kilomètres carrés en 1914 à seulement 420 000 kilomètres carrés. Les possessions européennes de l’Empire ottoman sont désormais réduites à la seule ville d’Istanbul. Les provinces arabes de la Turquie lui sont arrachées et passent désormais sous le protectorat de la France ou de la Grande-Bretagne. Est aussi créée une Grande Arménie, véritable Etat indépendant formé d’anciennes provinces russes et ottomanes. La Grèce se voit autorisée à annexer la côte Ouest de l’Anatolie, dont la ville de Smyrne (Izmir aujourd’hui) ainsi que la Thrace occidentale. Enfin, faisant écho à des débats contemporains, un Kurdistan autonome (mais non indépendant) est institué dans l’Anatolie orientale, amputant ici clairement l’Empire de son noyau historique.
Les forces françaises et britanniques se réservent bien sûr de très larges « zones d’influence » à proximité de leurs protectorats, mettant ainsi sous leur coupe l’économie turque et contrôlant ses frontières.

Le rouleau compresseur kémaliste
Il semble que les occidentaux, en imposant de telles conditions à l’Empire ottoman, n’aient pas mesuré la portée de telles exigences, ni su percevoir l’importance et le degré atteint par le nationalisme turc. Jusqu’à la publication du traité, le sultan bénéfice encore d’un assez large soutien populaire. Mais lorsque celui-ci fut connu, et face à l’atrocité de la répression des loyalistes, les turcs se tournent rapidement vers le gouvernement d’Ankara, dirigé par Mustafa Kemal, qu’ils considèrent comme le seul gouvernement légitime.
Après une guerre civile de près de quatre ans (1919-1922), la résistance nationaliste turque l’emporte face aux forces du sultan, qui est déposé en 1922, mais aussi face à l’Arménie, écrasée dès 1921, et surtout face aux Grecs. Kemal les force à quitter l’Anatolie occidentale et rentre triomphalement dans Smyrne en septembre 1922.
La déroute grecque force les alliés à négocier une sortie de crise avec celui qu’on appellera bientôt Atatürk, le « Turc-Ancêtre ». Le traité de Sèvres est rendu caduc par le traité de Lausanne du 24 juillet 1923 qui rend à la Turquie ses anciennes provinces arméniennes et kurdes, et offre le dessin exact des frontières de la Turquie contemporaine.

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