La synergie sino-américaine à travers le prisme industriel
La Chine s’est imposée, en quelques décennies seulement, comme véritable « atelier du monde ». Les Chinois sont en effet les premiers producteurs de montres, de jouets, de textile, d’appareils électroménager à faible contenu technologique et valeur ajoutée tels les aspirateurs ou encore les grilles pains.
De fait, ce secteur ne nécessite guère de main-d’œuvre hautement qualifiée, du fait de la faible importance conférée au « know how », savoir-faire en effet entretenu et développé par les Etats-Unis, en l’occurrence. Dès lors, à partir du milieu du XX° siècle, les grandes entreprises délocalisent bigrement leur chaines de productions pour faire des économies et, du même coup, accroître encore davantage les profits. C’est ainsi que dans les années 1960, le Japon devient le principal pôle de production et assemblage des produits nord-américains. En 1990, les produits « made in Taiwan » inondent les marchés, avant que la Chine de l’an 2000 affirme, in fine, son leadership en la matière.
On pourrait d’abord arguer du fait que la main-d’œuvre est largement bon marché et flexible. Pour les entrepreneurs américains étant accoutumés à délocaliser de l’autre côté de la frontière Etats-Unis/Mexique, l’amoindrissement du prix du transport à la fin du principe des maquiladoras depuis la signature des derniers traités de l’ALENA leur a fait prendre conscience du fait qu’un ouvrier chinois coûte presque trois fois moins cher qu’un travailleur mexicain. De plus, en Chine, la classe des « travailleurs » pâtit d’une pression de la part de la classe paysanne vivant de l’agriculture vivrière, dans laquelle le chômage est endémique. Ce groupe fait pression sur la classe travaillant, laquelle ne peut alors véritablement pas s’octroyer le droit à une plainte ou réclamation quant aux conditions de travail.
Dès lors s’est développé un déplacement massif des ateliers de production : de l’Afrique du Nord/Maghreb, du Mexique ou encore d’Indonésie vers cette nouvelle puissante émergente. Le constat est encore plus patent si l’on se focalise sur le couple sino-américain : aujourd’hui le secteur industriel américain est littéralement réduit à peau de chagrin, d’aucuns en viennent même à suggérer que le pays fait désormais face à une désindustrialisation massive au profit d’une croissance chinoise exponentielle. Un accord tacite est alors passé entre les Etats-Unis et la Chine. D’un côté, la croissance des Etats-Unis bute du fait d’une croissance démographique stable et donc d’un marché en faible expansion. De l’autre, la perméabilité des frontières chinoises et son libéralisme économique apparaissent alors comme un véritable filon pour l’hyperpuissance, eu égard à une classe moyenne chinoise pléthorique (près de 450 millions).
Néanmoins, un partage des brevets d’exploitation demeure indispensable pour conquérir le marché chinois. Mais les États-Unis tirent parallèlement leur épingle du jeu : ils accèdent à 500 millions de nouveaux consommateurs et baissent sensiblement, de manière concomitante, les coûts de production. Cette propension est de plus en plus étendue et témoigne de la tactique mercatique des grandes entreprises : la compétition par les prix. Mais les contestations grandissantes quant à la fiabilité des produits chinois ne laissent-elles pas entrevoir une profonde refonte de la DIT ?