Le monde avant 1914

L’ouverture acculée de la Chine

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La Première Guerre de l'opium
La Première Guerre de l’opium

L’ouverture de la Chine est d’autant plus saillante qu’elle est finalement relativement récente. Comment saisir à plein les circonstances d’une ouverture aussi tardive ? Comment la Chine est-elle parvenue à obvier à un comportement historiquement autarcique et isolationniste ?

La civilisation chinoise demeure la plus ancienne  du monde en terme de continuité. Au cours de siècles passés, les Chinois ont toujours considéré leur pays comme l’ « Empire du Milieu », id est comme le centre du monde, comme un ensemble qui se suffit à lui-même. Rappelons-nous qu’en 1793, l’empereur Quian Long repousse une mission commerciale britannique en déclarant que le « Céleste empire », « régnant sur tout entre les quatre mers », n’a nul besoin d’ateliers ni de manufactures britanniques. La Chine est la seule grande région du monde qui n’a jamais été sous assujettissement occidental. La  jonction avec l’étranger a été longtemps déboutée au nom de la sauvegarde d’une civilisation qui se suffisait à elle-même. Étant donné la culture et la morgue d’un peuple à la civilisation millénaire, on comprend bien qu’une ouverture de la Chine ne pouvait qu’être imposée de force,  par les armes ainsi que le sang.

La première tentative d’ouverture de l’Empire du Milieu fut le fait de l’Empire britannique. Ce dernier désirait ainsi contrebalancer un déficit commercial entre l’Inde anglaise et Canton : les Anglais s’ingénient à inonder la Chine d’exportations d’opium. Ainsi, la Chine a été confrontée au milieu du XIX° siècle à deux « guerres de l’opium », la Grande-Bretagne combattant la Chine afin de l’obliger à vendre de l’opium sur son marché intérieur. Ces guerres sont des prétextes afin de forcer la Chine à s’ouvrir sur l’extérieur et l’acculer à accepter de réduire fortement ses droits de douane (« traités inégaux »). Au cours de la première « guerre de l’opium » (en 1842), la Grande-Bretagne ratiboise Hong Kong, désigne cinq ports ouverts aux produits étrangers et obtient un apanage d’extra-territorialité pour ses citoyens sur le territoire chinois. Par ce traité de Nankin, les puissances occidentales obligent la Chine à opter pour un régime commercial libéral et à pratiquer des droits de douane de 5%. Dans les concessions, l’industrie et les services publics appartiennent à des compagnies européennes. Ces enclaves échappent à l’autorité du gouvernement chinois. En 1864, les Européens obligent la Chine à ouvrir onze nouveaux ports. Ces guerres de l’opium (1839-1842 et 1856-1864) provoquent des crispations spasmodiques en chaîne. Une société coquette, mais empêtrée dans ses rites, croule sous le poids de sa claustration et de son attentisme endémique.

Enfin, en 1894, la Chine reconnaît l’indépendance de la Corée et cède au Japon plusieurs territoires dont l’île de Formose. De nouveaux ports sont ouverts et les Japonais obtiennent par la force le droit de créer des établissements  industriels dans ces ports ouverts qui deviennent des zones franches échappant à la souveraineté de la Chine. Les pressions étrangères conduisent à la bataille des concessions. En 1899, les pays occidentaux lui imposent un libre-échange total (politique de la « porte ouverte »).

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