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L’essor du syndicalisme au XIXe siècle

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La grande « grève Pullman » de 1894

Les ouvriers ne commencent à s’organiser pour améliorer leur sort qu’à partir du milieu du XIXe siècle. En effet, au nom du libéralisme, toute grève, tout mouvement ouvrier était jusque là assimilé à une émeute et réprimé dans le sang : les troubles révolutionnaire qui ont traversé l’Europe en 1848, en grande partie poussés par l’immense détresse des ouvriers, en témoignent. C’est en Angleterre que nait le syndicalisme réformiste, au travers des Trade Unions. Loin de vouloir abattre le capitalisme, les Trade Unions veulent obtenir de lui des améliorations des conditions de vie et de travail de leurs adhérents, et ce par la négociation ou la grève. Reconnus par l’état britannique en 1875, les Trade Unions font vite des émules, principalement en Allemagne et aux Etats Unis (l’American Federation of Labour nait en 1886).

A l’opposé des réformistes, les syndicalistes révolutionnaires souhaitent mettre à bas le capitalisme par la grève générale et lui substituer un système d’autogestion. Ce mouvement trouve là encore ses racines en Angleterre, dans les années 1820 – 1830, avec le mouvement luddiste, caractérisé par la destruction des machines par les ouvriers qui les manipulent. Le syndicalisme révolutionnaire se développe aux Etats Unis, avec par exemple les Chevaliers du travail (société secrète d’ouvriers irlandais crée en 1869) ou les Industrial Workers of the World (IWW, mouvement qui tente de concurrencer les syndicalistes réformistes de l’AFL). Cependant, ces radicaux font peur : les chevaliers du travail sont accusés d’avoir perpétré les attentats anarchistes qui ont ébranlé Chicago en 1881. C’est en France que le syndicalisme révolutionnaire trouve sa terre d’élection : le mouvement est mené par d’anciens communards de 1871 qui, amnistiés et de retour en France, poursuivent leur combat révolutionnaire au travers des syndicats (la loi leur interdisant de rejoindre ou de former des organisations politiques). C’est ainsi que la CGT, fondée en 1895, signe en 1906 la charte d’Amiens. Inspirée de la doctrine anarchiste, celle-ci refuse tout lien avec les partis politiques et tout compromis avec « l’état bourgeois ».

Le syndicalisme va véritablement prendre son envol entre les années 1880 et 1914 : en 1914, l’Angleterre et l’Allemagne comptent quatre millions de syndiqués, contre trois millions pour les Etats Unis et seulement un million pour la France (en parti du fait de la faiblesse des syndicats réformistes). La deuxième industrialisation a fait considérablement augmenter le nombre des ouvriers non qualifiés, et c’est à partir de 1880 que les syndicats (à l’origine composés uniquement d’ouvriers qualifiés) ouvrent leurs portes à tous les ouvriers. De plus, la Grande Dépression, avec son cortège de chômage et de réduction de salaire, a fortement incité les ouvriers à s’organiser. Ainsi, les années 1890 sont caractérisées par de grandes grèves, souvent violentes. La grève lancée chez Pullman, aux Etats Unis, en 1894 après l’annonce d’une réduction salariale, est emblématique car résolue par la décision du président de l’époque, Grover Cleveland, d’envoyer l’armée. Le retour à la croissance de la Belle Epoque provoque de nouvelles grandes grèves entre 1905 et 1914, traduisant la volonté ouvrière de profiter des fruits de la prospérité.

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