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Cameron se rapproche de la Turquie

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Depuis le début, l’Union Européenne semble dans sa majorité réticente à faire de la Turquie un membre de sa communauté. On peut la comprendre pour différents arguments, d’ordre démographique (future deuxième puissance démographique si elle entre), géographique, culturel, etc.  Mais, en Europe, un pays ne fait pas comme les autres, et ce depuis les années 1980 et Mrs. Thatcher : le Royaume-Uni. En effet, son premier ministre, David Cameron, vient de se déclarer en faveur d’une reprise des négociations pour l’entrée de l a Turquie dans l’UE, lors d’un discours à Ankara.

Le Royaume-Uni continue de penser que la Turquie n’est pas irréprochable, notamment sur son manque de libéralisation des réformes internes, ou vis-à-vis du problème chypriote. Mais, si elle veut que l’UE revienne à la table des négociations, elle devra d’abord convaincre deux pays très réticents, qui sont la pierre angulaire de l’UE : la France et l’Allemagne. Certes, deux pays seuls ne peuvent bloquer une réforme. Mais ils disposent d’un statut spécial et d’un poids politique sans commune mesure. Lors d’un discours à Ankara, il a même comparé la future lutte avec la France au sujet de la Turquie à celle qui eut lieu entre De Gaulle et le Royaume-Uni dans les années 1960.

A quoi joue Cameron ? A-t-il oublié le comportement turc vis-à-vis de Chypre ou de la Grèce ? Il a beau critiquer la faible ouverture d’esprit européenne concernant « l’autre » culture (musulmane, islamique), il devra d’abord montrer durant son mandat que le Royaume-Uni ne joue pas un double jeu en Europe, c’est-à-dire qu’il devra quelque peu se départir de l’influence américaine pour regarder (enfin) vers l’Est. La Turquie n’est pas qu’une future puissance économique, comme le dit Cameron. Car politiquement, et comme l’a montré l’hebdomadaire Marianne dans son numéro du 24 juillet, la Turquie est en train de tourner le dos à l’Occident et à Israël, pour se rapprocher de l’Iran et même des terroristes du Hamas ! Finalement, le Royaume-Uni cherche peut-être son double de l’autre côté du Bosphore : à la fois un pays proche des Etats-Unis, mais également tourné vers sa région (pour la Turquie le Moyen-Orient). Mais un jour, sûrement, quand les deux intérêts entreront en conflit, il y a fort à parier que l’histoire et la culture prennent le dessus sur l’économie et le politique : une Turquie musulmane, et non européenne.

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