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Le ton monte entre l’Iran et Donald Trump

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Depuis le 1er février dernier, l’Iran est à nouveau sous le feu des projecteurs suite à ses tirs d’essais de missiles balistiques. Des tests qui n’ont pas manqué de faire réagir la diplomatie américaine. Le 3 février, Washington imposait déjà de nouvelles sanctions à l’encontre de l’Iran. Les relations entre les deux pays sont donc au plus bas depuis la signature des accords sur le nucléaire iranien intervenue le 14 juillet 2014 à Vienne. Des accords limitant notamment la production de plutonium et l’enrichissement d’uranium pour la partie iranienne, en échange d’une levée des sanctions occidentales. Cette dégradation diplomatique intervient avec l’arrivée d’une nouvelle administration républicaine, très hostile à l’Iran comme le montre les déclarations de Donald Trump pendant sa campagne présidentielle. Mais contrairement au début des années 2000, où l’ensemble de la communauté internationale avait suivi la position américaine sur le régime de sanction à suivre, 2017 ne devrait pas voir Téhéran être isolé à nouveau sur la scène internationale.

Suite aux tests de tirs de missiles par l’Iran, seuls les États-Unis ont protesté, évoquant une violation de la résolution 2231 de la charte des Nations Unies et des accords de Vienne, qui appelaient l’Iran « à ne mener aucune activité liée à des missiles balistiques conçus pour emporter une tête nucléaire ». Or le ministre des Affaires étrangères iranien a annoncé que ces missiles n’étaient pas conçus pour porter une tête nucléaire, mais étaient développés dans un but défensif. Si les protestations américaines peuvent se comprendre, le réflexe anti-iranien du nouveau gouvernement pose problème. En effet, à la fin janvier l’Iran était déjà présent dans le décret interdisant pendant quatre-vingt-dix jours toute entrée sur le territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays, le fameux « Muslim Ban ». Un décret censé protéger la nation américaine de la menace terroriste. Si le lien entre l’Iran et terrorisme est fait, c’est à travers le soutien de la République Islamique au Hezbollah, considéré comme un groupe terroriste par Washington. Seulement, le soutien au Hezbollah est-il plus dangereux pour la population américaine que les supposés financements des pays du Golfe aux djihadistes ? Enfin, Donald Trump avait déjà annoncé pendant sa campagne qu’il retirerait les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, alors que l’Iran semblait jusque là respecter ces accords signés en 2014.

Retour au rang «d’État voyou» pour l’Iran ?

Il y a cependant peu de chance de revoir l’Iran retrouver son statut de « rogue state » et le ban de la communauté internationale. Car à la suite des tests de missiles, les États européens n’ont pas suivi la diplomatie américaine, elle-même relativement isolée depuis l’élection de Donald Trump. Si l’Occident avait une vision plutôt unanime du régime des ayatollahs au début du 21ème siècle les positions ont évolué et l’Europe, dans la lignée d’Obama, devrait continuer le rapprochement avec l’Iran initié en 2014. De même, la Russie et la Chine sont en train de nouer une relation solide avec un des États les plus stables du Moyen-Orient. Dans la région, même si l’Arabie saoudite et Israël considèrent toujours l’Iran comme un ennemi, ce dernier a développé son influence depuis le début des années 2000, du Liban à l’Irak en passant par la Syrie et est devenu une véritable puissance régionale. Téhéran est également un acteur incontournable des différentes crises actuelles au Moyen-Orient, de la Syrie au Yémen. La résolution de ces conflits passera par des négociations avec le pouvoir iranien.

En 2002, George W. Bush désignait un Axe du mal à travers l’Irak de Saddam Hussein, l’Iran et la Corée du nord. Donald Trump tente à nouveau de faire rentrer l’Iran dans cette case. Il s’agit plus d’une volonté de satisfaire ses alliés au Moyen-Orient, que d’une vision stratégique ou idéologique. En effet, cet islam politique que Trump dénonce sans cesse comme plus grand danger pour la population américaine est bien plus présent chez les leaders wahhabites, que chez les Gardiens de la révolution. Enfin, la précédente crise diplomatique entre Iraniens et Occidentaux était largement conditionnée par l’ancien Président Mahmoud Ahmadinejad et ses propos sur Israël. Aujourd’hui les rôles sont inversés, le modéré Hassan Rohani paraît plus convenable que l’exubérant Donald Trump. Une raison de plus pour les États européens de mener leur propre chemin avec l’Iran.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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