Hugo Chávez à la tête du Venezuela (1/2)
A la fin du XXème siècle, Hugo Chávez (1954-2013) parvient à la tête de l’État Vénézuélien en remportant les élections de 1998. Une nouvelle page s’est ouverte et l’on a assisté à un engouement populaire pour ce que l’on appelle le chavisme. Au cours de cet article, nous aborderons le Venezuela sous la présidence de Chávez, et ce, de manière chronologique. Étant donné la concentration d’événements sur une période restreinte, nous scinderons le sujet en deux articles. Avant d’entrer pleinement dans ses années au pouvoir, il convient d’accorder quelques lignes à son ascension politique.
La construction politique de Hugo Chávez
Hugo Rafael Chávez Frías est entré dans l’armée à 17 ans (1971). C’est au sein de l’académie militaire qu’il commence un cursus de science politique qu’il ne finira jamais. Après plus d’une décennie dans l’armée, il obtient le grade de lieutenant-colonel de l’armée vénézuélienne. A cette époque, le Venezuela est parcouru par différentes crises sociales et économiques qui culmineront jusqu’au Caracazo en février 1989. Par la suite, on assiste à la période d’ouverture pétrolière qui signifie la perte de souveraineté vénézuélienne sur ses ressources pétrolières. Au final, depuis 1958, les gouvernements successifs n’ont jamais tenté de créer une économie alternative à la ressource pétrolière.
C’est pour ces raisons que Hugo Chávez s’oriente vers la politique en 1989 en créant le « Movimiento Bolivariano Revolucionario 200 » plus connu comme MBR 200. Chávez veut réformer l’armée et bâtir une nouvelle république en éradiquant la corruption. Son opinion est que les structures politiques établies ne permettent pas le changement politique. Il compte sur des soutiens issus de la gauche vénézuélienne pour véhiculer son message. En 1992, Hugo Chávez devient médiatique suite à un coup d’État raté.
L’échec de cette tentative de renversement du pouvoir met fin au MBR 200 et Chávez est incarcéré pendant deux ans. A sa sortie de prison, il fonde le « Movimiento Quinto República » ou MVR. Chávez est alors convaincu que son groupe politique est légitime, car il est composé de gouverneurs d’États clés du Venezuela. Par conséquent, son positionnement politique bascule dans un discours en rupture avec l’ordre établi et catalyseur des réceptacles démocratiques depuis 1958. De l’échec du coup d’État naît la légitimité politique de Hugo Chávez.
La victoire politique du chavisme et ses partisans
Au mois de novembre 1998, les élections parlementaires valident la crédibilité du mouvement de Chávez. En effet, le MVR recueille 20% de votes et s’impose comme le second parti politique au Parlement. Le discours politique de Chávez semble partagé par une partie de la population. Quelques semaines plus tard, Hugo Chávez accède à la présidence du Venezuela grâce à une franche victoire électorale (56% des votes). Après son accession à la présidence, Chávez décide d’un changement de constitution qui a lieu le 15 décembre 1999. Ce faisant, il remet en jeu son élection qu’il est certain de gagner. Ainsi, il introduit l’allongement de la durée du mandat présidentiel et la réélection illimitée. La réélection de Chávez est logique de même que la majorité parlementaire qu’il obtient.
A partir de ce moment, le président dirige par décret que le Parlement lui octroie. Il met en place 49 décrets pour développer son plan économique. Ainsi, Hugo Chávez peut légiférer sur les différents secteurs clé : hydrocarbures, agriculture, banque, fiscalité. Son idée est de former un marché intérieur avec une forte demande afin de réduire la dépendance vis-à-vis de l’étranger. En 2001, le Venezuela importait 70% de sa nourriture et les recettes fiscales étaient composées à 55% de la rente pétrolière. Dans le même temps, Hugo Chávez développe le Plan Bolivar 2000 dont l’objectif est de réduire la pauvreté. Cependant, la militarisation de l’aide sociale ne permet pas l’adhésion de la population et cela reste un échec.
Le tournant politique des grèves massives
Toutes ces réformes, entreprises par Chávez, provoquent l’ire de la classe économique dominante. De plus, il faut ajouter la multiplication des affaires de corruptions qui lient l’armée et le gouvernement. En 2002, des grèves massives paralysent l’économie vénézuélienne, notamment dans le secteur pétrolier. Cet arrêt momentané de la production de pétrole fige la rente pétrolière à la base des financements des plans sociaux. En outre, Hugo Chávez subit la pression des Etats-Unis qui réclament des élections afin de répondre à la volonté de changement social issue du mouvement gréviste. Le 12 avril 2002, la tension atteint son paroxysme lorsque Pedro Carmona mène un coup d’État contre le gouvernement chaviste. Carmona, leader patronal, se déclare président le soir du 12 avril. Cependant, le 14 avril, Hugo Chávez reprend le pouvoir grâce au soutien du peuple vénézuélien.
Dans le second article, nous évoquerons les années de consolidation du pouvoir chaviste. Il sera intéressant de projeter la politique de Hugo Chávez au niveau international, notamment dans le continent latino-américain.