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À Davos, Emmanuel Macron appelle à repenser le capitalisme

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Le 26 janvier 2021 au Sommet virtuel de Davos, Emmanuel Macron et Klaus Schwab évoquaient la crise sanitaire et les leçons à en tirer. Le président français appelait à transformer le capitalisme. Retour sur un échange intellectuel complice.

Emmanuel Macron et Klaus Schwab discutent à Davos 2021 d'un nouveau capitalisme
Emmanuel Macron et Klaus Schwab, ci-dessus au forum de Davos 2018. En 2021, les deux hommes discutent de la nécessité de refonder le capitalisme.

« Faire le lien entre le monde d’avant et le monde d’après »

Dans une discussion de 26 minutes, Emmanuel Macron et Klaus Schwab, le président fondateur du World Economic Forum, esquissent la nécessité de refonder nos économies modernes à la lumière de la crise de Covid-19 {1}. Les deux hommes s’accordent pour y voir un tournant du capitalisme. La conversation s’ouvre par une question de Klaus Schwab à l’attention du président français : « Comment reconstruire l’économie après le Coronavirus, faut-il une nouvelle vision de l’économie pour affronter les enjeux du XXIème siècle ?».

La réponse d’Emmanuel Macron est positive. Selon lui, la crise de Covid-19 nous a avant tout enseigné la primauté de l’homme. La pandémie a aussi permis de rendre compte des profondes transformations ayant traversé nos sociétés. Cela révèle la nécessité  de reconstruire nos économies en tenant compte des inégalités générées par la financiarisation des économies. Emmanuel Macron est prompt à reconnaître certains bénéfices du libre-marché et du capitalisme. Il cite notamment : sortir de la pauvreté des millions de personnes, investir dans l’innovation, répondre aux demandes grandissantes de tous les consommateurs.  Néanmoins, il affirme qu’il est nécessaire de reformer le capitalisme si nous voulons être en mesure de répondre aux enjeux globaux, présents et futurs.

Un nouveau capitalisme global pour une restructuration de nos économies

La critique principale d’Emmanuel Macron à l’égard du capitalisme moderne est la financiarisation des économies. Elle aurait, selon lui, déconnecté la création de valeurs et les profits financiers, créé de l’illégalité, et augmenté les inégalités. C’est cet usage du capitalisme et la déconnexion de l’État de ses prérogatives économiques qui nous aurait plongé dans les récentes crises. Crises que nous traversions avant même l’arrivée de la Covid : crise climatique, crise des inégalités, troubles politiques, économiques et sociaux… C’est pourquoi Emmanuel Macron souligne se reconnaître dans la formule Stakeholder capitalism {2}. La référence à cette notion n’est pas anodine. En effet, on peut la retrouver dans le livre publié ce même-jour par Monsieur Schwab : Stakeholder Capitalism : A Global Economy that Works for Progress, People and Planet.

Le capitalisme « des parties prenantes » vise à remettre au cœur de nos sociétés les problématiques de notre temps. Il s’agit donc de changer le capitalisme. Les entreprises ne doivent plus privilégier les profits à court-terme au bénéfice de leurs actionnaires. Elles doivent choisir de créer de la valeur à long-terme. Pour cela, il s’agirait de prendre en compte les intérêts à long terme des sociétés, et non plus seulement de leurs actionnaires. Pour le président français, ce n’est qu’en transformant le rôle de l’entreprise et en mettant à sa disposition des indicateurs pour mesurer ses progrès que nous pourrons sortir des crises actuelles.

Du consensus de Washington au consensus de Paris

Il apparaît surprenant que le président français, perçu comme un progressiste néo-libéral exemplaire, revienne sur les bénéfices du libre marché. Néanmoins selon lui, la refondation des sociétés post-Covid passe par la préservation de certains acquis du capitalisme. C’est le cas de la propriété privé, de la coopération internationale ainsi que des libertés individuelles et collectives. Pour lui, ce n’est qu’ainsi que nous pourrons inciter tous les acteurs économiques à reconstruire l’économie au nom du bien-être collectif.

C’est pourquoi Emmanuel Macron appelle à dépasser le consensus de Washington. Celui-ci nous aurait précipité dans la crise climatique et sociale que nous connaissons, pour remettre au centre de l’économie l’intérêt général. C’est ce que le président français nomme le consensus de Paris « mais qui est en réalité le consensus de partout ». Celui-ci vise à mettre en place une coopération multilatérale efficace pour répondre aux enjeux climatiques et sociaux {3}. En cela, il attend impatiemment d’accueillir de nouveau les États-Unis dans les Accords de Paris. Cela faciliterait la mise en place d’un nouveau mode de coopération multilatérale efficace. Cela permettrait à tous les acteurs de revoir à la hausse leur ambition climatique, et de bâtir de nouvelles coalitions repensant nos réponses à ces défis.

Cette conversation complice entre MM. Macron et Schwab apparaît comme salutaire. Enfin de grands dirigeants remettent en cause le capitalisme et sa promotion d’une croissance infinie dans un monde fini. Néanmoins, il est surprenant que ce soit les décideurs politiques autrefois les plus favorables au libéralisme qui développent à présent les thèses pour en sortir. De ce fait, on peut légitimement questionner leur capacité à concevoir des solutions au nom de l’intérêt général. Comme le disait Hannah Arendt : « Une crise ne devient catastrophique que si nous y répondons par des idées toutes faites. ».

Sources :

{1} https://www.weforum.org/events/the-davos-agenda-2021/sessions/special-address-by-g7-head-of-state-government-a030856a34/

{2} https://time.com/collection/great-reset/5900748/klaus-schwab-capitalism/

{3} https://www.latribune.fr/economie/international/au-forum-de-davos-emmanuel-macron-imagine-un-monde-post-covid-sans-inegalites-874727.html

 

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Clara Plaine Pfeiffer

Etudiante en Master 1 Relations Internationales à Iris Sup', j'ai auparavant obtenu une licence de langue et de civilisation arabe à l'Inalco. Je suis intéressée par les ressources naturelles, les matières premières et les politiques économiques et énergétiques. Ma passion est d'apprendre.

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