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Obama, Hollande, Cameron et le futur tapis de bombe syrien

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Alors que la guerre civile syrienne traîne depuis deux ans et demi, il semble que l’on ait jamais été aussi proches d’une intervention extérieure officielle et manifeste. Néanmoins, les modalités de celle-ci sont loin d’être précises, et pourraient bien aggraver une situation qui est déjà indescriptible.

Le sort d’une intervention étrangère semble donc malheureusement inéluctable. Le régime d’El-Assad sera sûrement reconnu coupable du massacre chimique du 21 août dernier par des experts de l’ONU dont la neutralité est d’ores et déjà mise en doute. A l’aide des faits récents, établissons quelques scénarios d’attaque d’une coalition qui devrait compter les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la France, voire l’OTAN tout entier.

Pour la coalition, l’objectif sera d’aider le plus indirectement possible les opposants au régime, et ce même si les chancelleries occidentales ont mis des mois à comprendre que la rébellion était loin d’être composée de doux agneaux, tel que ce qui a été vendu au début. Les premiers objectifs visés devraient être, comme dans le cas libyen, les installations militaires du régime, et, très hypothétiquement, les réserves de gaz toxique de celui-ci.  Aucune intervention sur le terrain à prévoir, l’action de la coalition restera probablement aérienne, bâtarde diront certains, via des frappes ciblées, comparables à celle qui eurent lieu sur Belgrade en 1999, avec les conséquences que l’on connaît tous.

Se contenter du strict minimum afin de faire pencher la balance, est-ce vraiment réaliste ?

Beaucoup de sources internes précisent que les Etats-Unis souhaitent minimiser leur présence, laissant les acteurs déjà actifs sur le terrain s’occuper de l’après-bombardements. Mais d’ores et déjà, nous pouvons dire que cela pourrait ne pas suffire, pour plusieurs raisons. La première est qu’un bombardement thérapeutique, même avec les technologies les plus avancées au niveau des drones (s’ils sont utilisés !), ne sera pas entièrement efficace. L’OTAN, ainsi que les Etats-Unis, nous ont montré trop de fois par le passé leur manque cruel de précision. La seconde est que toute entrée en jeu officielle d’une puissance occidentale aura des répercussions qui iront bien au-delà des frontières syriennes. La Russie et l’Iran, pour ne citer qu’eux, ne pourront rester muets. La déstabilisation en cours au Liban, ainsi que la question kurde doivent être intégrés dans la réflexion, même s’ils apparaissent secondaires aux yeux de la coalition.

Tout cela, évidemment, est à poser au regard des conséquences d’un refus occidental d’intervenir. Alors que la ligne rouge dressée par Obama a été franchie (peu importe qui a usé des forces chimiques), ne pas mettre les menaces à exécution contre El-Assad affaiblirait durablement les pays qui se sont promis d’intervenir. Même si l’on peut saluer, d’ores et déjà, le refus d’une course à la guerre dans laquelle certains de leurs prédécesseurs sont tombés, Obama, Cameron et Hollande ont à gérer, toutes proportions gardées, une guerre civile comparable à celle du Rwanda (en nombre) et à l’importance stratégique éminemment plus marquée que le conflit kosovar. Leur passivité, critiquée depuis deux ans, peut faire penser que certaines leçons du passé récent (Kosovo, Irak, Libye) ont pu être retenues. Ou pas…

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