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L’Iran détient-il les clés de la victoire contre l’EIIL ?

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Dans un article précédent, nous vous avons présenté la situation actuelle au centre de l’Irak, avec la percée quotidienne des représentants de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL). Alors que les forces nationales internes apparaissent trop faibles pour empêcher cette progression, la médiation étrangère s’avérera nécessaire dans les jours à venir.

Au centre du jeu, beaucoup pourraient penser que les responsables de la situation actuelle, ceux-là même qui sont intervenus en 2003, soient les plus engagés dans la résolution du conflit. En effet, faute d’une réflexion suffisante sur l’après-Saddam, les pays ayant soutenu l’intervention américaine ont choisi la solution la plus simple : quitter peu à peu le pays face à l’incapacité chronique de rétablir une solution politique viable en Irak.

Or, ces pays-là semblent désintéressés de la situation actuelle, à part quelques appuis aériens fournis par l’armée américaine. Comble du comble, c’est bien l’Iran qui a un énorme rôle à jouer dans la lutte contre l’EIIL. Honni du bloc occidental depuis 1979, les quelques gages fournis par le nouveau régime sur la question nucléaire ont donné à l’Etat perse un surplus de crédibilité indéniable. Certes, aucun pays occidental ne semble prêt à donner un blanc-seing à l’Iran pour s’occuper du cas irakien. Les puissances du Golfe, majoritairement sunnites, et ayant armé, plus ou moins directement, l’EIIL en Syrie, verraient d’un très mauvais œil un renforcement de l’influence iranienne chez son voisin irakien, fût-il pour la pacification de la région.

Trop de non-dits polluent le discours actuel

Il est faux de croire que l’armée irakienne est capable à elle seule de lutter contre ces milliers de miliciens dont la violence est éminemment supérieure à celle propagée par Al-Qaida en Irak il y a quelques années. Le pouvoir actuel devra s’appuyer sur les milices chiites voire kurdes afin d’endiguer le fléau de l’EIIL.

De plus, il serait temps de réfléchir à la question kurde. On le voit, la région est bouleversée par des conflits de plus en plus violents auxquels la communauté internationale est incapable de répondre. Qu’il s’agisse du voisin syrien, ou désormais de l’insurrection en Irak, la question des frontières se doit d’être posée. Redéfinir les frontières dans la région est une lubie pour tous les conservateurs restés à l’âge de leur définition, au début du XXe siècle. Pourtant, une partie de la pacification de la région se trouve bien là.

Enfin, il est temps de mesurer l’échec du gouvernement actuel de N. Al-Maliki. Avoir confié les clés du pouvoir aux chiites après des décennies de domination sunnite fut une erreur. Dans un pays profondément divisé par ses confessions, seul un gouvernement représentant des différentes forces du pays (sunnites, chiites, voire kurdes) pourra assurer à long terme l’avenir du pays. Avenir fortement assombri au fur et à mesure de l’avancée de l’EIIL.

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