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Le retour (impossible) de la politique « du rayon de soleil » ?

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Depuis le début de l’année 2017 l’instabilité est croissante dans la péninsule coréenne, mais un événement est venu redonner de l’espoir au dialogue intercoréen en mai dernier : l’élection du nouveau Président sud-coréen, Moon Jae-in. Issu du parti libéral « Minju », qui pourrait être assimilé à un centre-gauche coréen, le Président Moon Jae-in a toujours défendu la politique « du rayon de soleil », visant à détendre les relations entre les deux Corées. Après les deux présidences conservatrices de Lee Myung-bak (2008-2013) et Park Geun-hye (2013-2017), la Corée du sud veut à nouveau croire au dialogue avec Pyongyang. Mais aujourd’hui, Moon Jae-in doit coopérer avec le Président américain Donald Trump , qui, au contraire, s’exaspère des essais de missiles nord-coréens, comme le montre le récent déploiement du système de missiles anti-balistiques américain (THAAD) en Corée du sud.

1998-2008, le premier « rayon de soleil »

Rencontre le 13 juin 2000 entre le Président sud-coréen Kim Dae-jung et le Dirigeant nord-coréen Kim Jong-il

Cette époque paraît lointaine, mais l’espoir d’un rapprochement entre la Corée du sud et du nord a bien existé. Impulsée par le Président Kim Dae-jung (1998-2003), la politique du « rayon de soleil » avait pour objectif de mettre en place des règles de coopération entre les deux pays. Cette politique reprenait une idée traditionnelle coréenne : offrir des cadeaux à son ennemi pour le dissuader d’attaquer. L’une des règles les plus importantes était de garantir que la Corée du sud ne tenterait en aucun cas d’absorber son voisin du nord en cas d’accord. Ce scénario a souvent été soutenu par les conservateurs sud-coréens et à l’étranger. Cette politique a eu comme succès majeur la rencontre entre le Président Kim Dae-jung et son homologue nord-coréen Kim Jong-il en 2000, une première entre les deux États. La rencontre a abouti à la signature d’une déclaration commune.

La Corée du nord dans l’Axe du mal

Malgré une volonté continue, jusqu’en 2008, pour faire perdurer cette politique sous le mandat du Président Roh Moo-hyun (2003-2008), des critiques sont apparues dans l’opposition sud-coréenne. La principale raison est le manque d’efforts consentis par le nord pour mettre en place une politique plus respectueuse des droits de l’homme. En 2005, les deux Corées s’unissent pour la création de la zone industrielle de Kaesong (en Corée du nord) et Séoul dépense plus de 324 millions de dollars, en aide à Pyongyang. Une somme difficile à justifier en 2008 après le passage de la crise économique mondiale et qui permet (entre autre) aux conservateurs de remporter les élections en 2008. En parallèle de la situation interne à la Corée du sud, le climat des relations internationales se tend, dès 2001 avec les attentats du World Trade Center. L’administration américaine va alors ériger une liste d’États appartenant à un prétendu « Axe du mal », en complément de la liste « des États voyous » déjà existante. Cet axe auquel appartient la Corée du nord ternit un peu plus son image, aussi bien à l’international qu’en Corée du sud.

En 2010, le gouvernement coréen annonçait la fin et l’échec de la politique « du rayon de soleil ». Le nouveau Président Moon Jae-in ne l’a pas encore restauré, peut-être ne le fera-t-il jamais, tant les obstacles actuels semblent nombreux. Le premier d’entre eux étant l’attitude offensive de Pyongyang, qui semble déterminée à continuer ses essais de missiles balistiques. Les actions nord-coréennes ont d’ailleurs obligé le Président Moon Jae-in à s’accorder avec Donald Trump et son homologue japonais Shinzo Abe sur l’importance « d’accroître les sanctions et les pressions ». Il est aujourd’hui certain que Moon Jae-in attend un geste fort de la part de Kim Jong-un pour enclencher une nouvelle phase dans les relations intercoréennes.

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Fabien HERBERT

Fabien Herbert est Président des Yeux Du Monde et rédacteur géopolitique pour l'association depuis mars 2016. Formé à l’Université Catholique de Louvain, Fabien Herbert est journaliste et analyste spécialisé en relations internationales. Il s’intéresse notamment au monde russophone, au Moyen-Orient et à l'Asie du Nord-Est.

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