La Chine face à la question du Tibet
Commençons par un peu d’histoire… C’est au XIIIe siècle, sous la dynastie des Yuan, que le Tibet est passé sous domination chinoise. Il y a plus de 700 ans donc. Pourquoi alors poser la question de l’indépendance du Tibet ? Parce que la domination chinoise n’est restée que très superficielle, et qu’en réalité le pouvoir appartenait bien aux Tibétains eux-mêmes durant toute cette période.
En 1911, lorsque la révolution chinoise éclata, le Dalaï-lama décida que les liens qui unissaient le Tibet à la monarchie chinoise étaient désormais caducs, et que donc le territoire pouvait jouir d’une véritable indépendance, ce qu’il obtint. Cependant, en 1950, l’Armée populaire de libération entra au Tibet, et en 1951, un Traité de « libération pacifique » fut signé par les dignitaires tibétains, sous menace militaire. Ainsi, la Chine remis la main sur le territoire et le dirigea d’une main de fer jusqu’à la fin des années 1970.
Le peuple tibétain s’est révolté à plusieurs reprises pour réclamer son indépendance : en 1959, en 1987-1989, ou encore en 2008, provoquant à cette dernière occasion de vives réactions sur la scène internationale. Mais pour les Chinois, cela ne fait aucun doute : le Tibet appartient au territoire national depuis plus de 700 ans, et il n’est pas question qu’il en sorte ! L’idée d’un Tibet indépendant n’est rien d’autre que le résultat d’une conspiration menée depuis le milieu du XIXe siècle par les Britanniques et les Américains, à la fois pour servir leurs propres intérêts et pour nuire à la Chine. Ils auraient ainsi aidé financièrement les Tibétains à s’extirper de la domination chinoise durant la première moitié du XXe siècle.
Par ailleurs, le gouvernement chinois n’a de cesse de dénoncer la politique séparatiste menée par le Dalaï-lama depuis l’Inde. Le Dalaï-lama a beau préconiser la non-violence, il n’en mène pas moins des activités de sabotage contre l’unité de la Chine ! Ainsi, aucun dialogue solide ne peut être établi entre les deux parties. Surtout, les Tibétains réclament aujourd’hui l’indépendance d’un Tibet dit « historique », s’étendant sur le Sichuan et le Gansu (deux régions très peuplées de la Chine), et regroupant 6 millions d’habitants – contre 2 millions pour l’actuelle Région Autonome du Tibet.
Ainsi, l’histoire du Tibet hésite entre soumission et indépendance à l’autorité chinoise. Elle est surtout aujourd’hui réinterprétée et instrumentalisée à des fins politiques à la fois par les défenseurs d’un Tibet libre et ses détracteurs.