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Le Citarum, fleuve le plus pollué du monde

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Introduction sur la deuxième thématique : L’Environnement

 

Comme l’a souligné Jacques Vernier, l’Homme a longtemps cru que la nature parviendrait à « digérer » ses agressions multiples[1]. Il est vrai que grâce à des découvertes scientifiques les « méfaits du progrès » sont parfois atténués. Cependant, telle une machine lancée à pleine vitesse, le monde s’est emballé.  Ceci explique pourquoi l’environnement s’est imposé comme une problématique majeure au sein des relations internationales depuis les années 1970.

Le changement climatique, et plus particulièrement ses conséquences, sont en effet l’un des plus grands défis auxquels le monde est aujourd’hui confronté. Il s’agit d’un véritable enjeu du fait des répercussions potentielles qu’il aura, et qu’il a déjà sur nos sociétés, mais également du fait de la coopération internationale qui doit être mise en place pour y répondre.

La majeure partie des problèmes environnementaux dépassent le cadre étatique. Ils sont en général causé par des externalités, c’est-à-dire par des « conséquences non assumées des activités économiques »[2]. Ces conséquences ne se limitent pas à des frontières, et sont donc globalisées. Cela signifie que les États, au travers d’organisations internationales ou régionales, doivent négocier, et parvenir à s’entendre pour mettre au point des plans, pour trouver des solutions.

Des solutions sont nécessaires, car les prévisions alarmantes s’accumulent : selon l’ONU, il y aura 250 millions de réfugiés climatiques dans le monde en 2050 ; la montée des eaux s’accélère et pourrait grimper de 65 centimètres d’ici la fin du siècle ; le consortium scientifique Global Carbon Project (GCP) a annoncé que les émissions de CO2 avaient augmenté en 2017 par rapport à 2016 (+2%)…

En somme, il est nécessaire de renforcer l’accord obtenu lors de la COP21 à Paris en 2015, et de faire en sorte que tous les États signataires respectent leurs engagements. Lorsque Donald Trump avait annoncé le retrait des États-Unis, le scientifique Stephen Hawking avait déclaré que ce genre de politique pouvait entraîner la Terre vers un « point de non retour ».

[1] Jacques Vernier, L’Environnement, PUF, Que sais-je ?, 2011.

[2] François Gemenne, L’Enjeu mondial. L’environnement, Presses de Sciences Po, 2015.

 

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Le Citarum, qui parcourt près de 300 kilomètres, est le plus long fleuve de l’île de Java (Indonésie). Son bassin couvre 12 000 km2. Il joue un rôle essentiel pour les habitants de la région car il est une source d’énergie, de nourriture, et d’eau. Loin des images verdoyantes de carte postale propres à l’Indonésie, le Citarum a été baptisé « fleuve le plus pollué du monde » par la Banque mondiale il y a une dizaine d’années.    

Dans les années 1980, une importante zone industrielle s’est développée autour de la ville de Majalaya. De nombreuses usines de textile s’y sont installées. Aujourd’hui, on estime qu’il y en aurait près de 2000 concentrées dans la région. Ce développement économique rapide a été évidemment bénéfique pour la région car il a été créateur d’emplois. Il y a malheureusement eu un revers à la médaille : lindustrialisation non maîtrisée, a été accompagnée d’une soudaine urbanisation.

Petit à petit, des usines de textile ont alors commencé à déverser leurs déchets toxiques dans le fleuve. Ceci explique pourquoi le taux de plomb observé dans le Citarum peut être jusqu’à 1000 fois supérieur au niveau recommandé. En outre, à cause de lacunes en infrastructures dans le domaine de la gestion des déchets, beaucoup d’Indonésiens ont pris l’habitude de jeter leurs déchets quotidiens dans le fleuve. Par conséquent, les eaux du Citarum, ainsi que l’atmosphère de la région, sont fortement polluées. Cette pollution représente un véritable risque sanitaire pour les habitants de la région. Environ 30 millions de personnes dépendent du Citarum pour irriguer leurs cultures, ou tout simplement pour s’alimenter. La grande majorité d’entre elles développent des maladies de la peau, ou encore des infections respiratoires du fait de l’inhalation de polluants.

En début d’année, Jakarta a annoncé un nouveau projet. Le but est de rendre l’eau du fleuve potable d’ici 2025. Le gouvernement a déjà chargé la police, l’armée et la justice, de s’occuper des entreprises qui ne respectent pas la loi. Malgré cette nouvelle impulsion, beaucoup pensent qu’il s’agit d’une mission impossible, et que l’écosystème du Citarum est perdu. En outre, la corruption endémique caractérisant l’Indonésie va probablement freiner toute amélioration. Il est probable que des entreprises parviennent à monnayer le droit de polluer le fleuve.

Il ne s’agit pas du premier plan mis en place pour « sauver » le Citarum. En 2008 déjà, la Banque asiatique de développement, avait accordé à l’Indonésie un prêt de 500 millions de dollars pour soutenir un programme gouvernemental visant à nettoyer les eaux du fleuve. Tout laisse à penser que ce projet n’a pas été concluant.

 

Pour en savoir plus sur un fleuve indispensable au développement d’un pays  : Quel avenir hydrique pour l’Egypte ?

 

 

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