La « guerre de l’information » russe, une arme de déstabilisation
Depuis plusieurs années la Russie est accusée par l’Occident de mener des actions de désinformation. La lutte contre les Fake news et les Troll sur internet est un enjeu de société et un enjeu géopolitique. A l’heure des réseaux sociaux, des groupes de hackers proches du Kremlin sont accusés d’influencer l’opinion publique en occident, comme lors du vote sur le Brexit ou lors des élections américaines.
La guerre de l’information peut se définir comme : l’ensemble des méthodes et actions visant à manipuler et influencer (notamment la désinformation et la subversion) l’opinion de l’adversaire par la propagation organisée et contrôlée d’une diversité de messages dont le contenu est destiné à servir la stratégie de son propre camp.
La «guerre» de l’information russe est le fruit de divers facteurs. Tout d’abord la chute de l’empire soviétique en 1991 qui a engendré une perte de leadership dans sa sphère d’influence traditionnelle. Vladimir Poutine, depuis son accession au pouvoir en 2000, cherche à restaurer la puissance russe et à faire oublier les années chaotiques de Boris Eltsine.
À cela s’est ajouté l’essor du Web 2.0 qui à permis de faire d’Internet le plus vaste réseau de communication et d’information au monde devenant de fait un espace géopolitique à part entière soumis à des luttes d’influences et à des attaques cybernétiques entre puissances rivales.
De fait la «guerre de l’information» que livre la Russie à l’Occident relève d’une stratégie visant à utiliser le soft power des réseaux de l’information pour déstabiliser ses adversaires via des techniques de subversions. L’Occident n’a pas tenu ses promesses vis à vis de la Russie dans les années 1990. Se sentant agressée, la Russie a développé un discours nationaliste ventant une puissance militaire retrouvée, un État fort et une vision géopolitique basée sur le pragmatisme et la realpolitik, à l’inverse de l’Europe occidentale. Toutefois ces assauts soudent l’Europe et le monde occidental, qui cherchent à parler d’une seule voix face à une Russie perçue comme agressive par ces proches voisins européens. En outre, l’Occident a mené plusieurs guerres : au Kosovo en 1999, en Irak en 2003 et en Libye en 2011, sans l’aval du Conseil de Sécurité de l’ONU et donc en outrepassant les vetos russes sur ces crises, ce qui a engendré des frictions.
Cette «guerre de l’information» passe par la mise en place d’équipes de hackers et trolls indépendants ayant des liens avec le Kremlin via des pionniers de l’internet russe comme Konstantin Rykov. Concernant les 80 médias russophones opérant à l’étranger, la chaîne d’information Russia Today et le journal en ligne Sputnik sont les deux plus connus. Ils sont très présents sur les réseaux sociaux et réunissent déjà 2,5 millions de visiteurs par mois en France en 2016. Dans cette «guerre», la Russie vise l’Union Européenne, l’Europe, et les États-Unis. Ces derniers accusent la Russie d’avoir mené des actions de désinformation sur les réseaux sociaux et sur des sites d’information durant la campagne électorale américaine.
A travers ces actions, la Russie renforce sa stature de puissance mondiale et cherche a retrouver sa position de leader dans son environnement proche. La «guerre de l’information», le soft power, couplé aux opérations militaires extérieures russes en Syrie, le hard power, sont intimement liés et visent à déstabiliser un Occident en perte de repère et soumis à de fortes pressions géopolitiques.