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Le « J’accuse » des USA contre l’Allemagne

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L’orage gronde entre l’UE et les USA. Après les écoutes de la NSA, la France et l’Allemagne unissent leur voix pour contester l’hégémonie de leur allié américain. D’un côté, on trouve avec ce non-respect de la souveraineté nationale un moyen de justifier nos vieux réflexes protectionnistes en interrompant les négociations du pacte atlantique. Rassurons-nous : elles étaient bloquées depuis plusieurs semaines. De l’autre, on critique les « faux amis » américains. Mais, comme dans toutes les disputes de famille, les dossiers chauds sont passés au crible avec un discours de vérité. Dès que la diplomatie de Berlin se mit à aborder la politique monétaire américaine jugée trop déstabilisante, Washington a répondu en affublant, dans le rapport semestriel du Trésor, le modèle exportateur allemand de tous les maux. Derrière la forme, y a-t-il du fond ?

Selon le document, la croissance anémique de la demande intérieure allemande annihile tous les efforts considérables réalisés par ses voisins européens dans l’optique de renforcer leurs exportations en les privant du plus vaste marché européen. En un mot, l’Allemagne accentue aujourd’hui la crise des dettes européennes et approfondit le marasme économique mondial. Le ministre allemand a eu beau jeu de répondre rapidement : l’excédent commercial allemand provient de la rencontre d’une demande internationale pour des produits de qualité et d’une offre allemande fortement compétitive.

Les deux n’ont pas tout à fait tort car ils analysent le même problème. Schröder a organisé au début des années 2000 une cure d’austérité en Allemagne : déréglementation du marché du travail pour tirer les salaires des services vers le bas (il n’y a pas de salaire minimum en Allemagne) et TVA sociale parallèlement à une montée en gamme des industries germaniques.  Forte consommatrice de services, les industries eurent à payer moins de charges. D’où le paradoxe apparent : l’Allemagne tire sa compétitivité industrielle des services ! L’Allemagne parvient également à utiliser son voisinage, en particulier polonais, pour diminuer ses coûts de production industriels. En contrepartie de cette politique, la majorité de la population, impliquée dans les services (71,3%), a subi des tensions sur les salaires ce qui a  freiné la croissance de la consommation globale. Enfin, le vieillissement de sa population a accru la propension moyenne à épargner des ménages en prévision des beaux jours. Avec une industrie fortement exportatrice car compétitive, et une demande affaiblie donc faiblement importatrice, l’Allemagne bénéficie d’excédents commerciaux colossaux et empêche ses voisins de profiter des Deutsche Mark !

Ce que les deux parties taisent c’est que l’Allemagne a accumulé avec ces excédents commerciaux et sa forte épargne de nombreuses liquidités. Elle les a investies dans des pays étrangers et a financé, à faible coût, l’endettement des pays d’Europe du Sud ! En quoi l’épargne allemande a favorisé la dette grecque, espagnole, portugaise, … La crise de 2008 et les immenses plans de relance consentis par les Etats ont révélé aux marchés des problèmes structurels et ont plongé l’Europe dans une crise que nous connaissons. Vivement la prochaine réunion de famille !

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