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Les « deux Soudans » : conflit régional, enjeu international

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Après une longue lutte d’une cinquantaine d’années, le Sud-Soudan est devenu indépendant en 2011. Toutefois, depuis Décembre 2013, sur un fond mêlant conflit politique, tensions ethniques et contrôle du pétrole, le 193ème état est au bord du précipice. Si la naissance de cet état répondait à de réelles aspirations populaires, il est important de ne pas oublier les enjeux de son indépendance. Différents états ont œuvré en coulisse pour la partition du Soudan, et ne semblent pas aujourd’hui contrôler « leur » création. Passage en revue de trois acteurs ayant d’importants intérêts dans la région des deux Soudans.

Les Etats-Unis sont en froid avec Khartoum depuis le début des années 90, lorsqu’Omar el-Béchir (arrivé au pouvoir en 1989) a déclaré l’état soudanais comme islamiste. Depuis, le Soudan est considéré, comme la Somalie, comme un foyer du terrorisme international, menaçant directement la sécurité des Etats-Unis. Au-delà de l’aspect sécuritaire, le Soudan dispose également d’importances ressources pétrolières, intéressant les américains. Situé majoritairement dans le sud du pays, les Etats-Unis avaient tout intérêt à soutenir l’indépendance du Sud-Soudan afin de mettre en place un gouvernement plus favorable à Washington aussi bien au niveau stratégique qu’économique. Néanmoins, la guerre civile fait rage au Soudan du Sud et les américains ne semblent pas en mesure de contrôler la situation.

La Chine mène une active « diplomatie des ressources » en Afrique, où elle se retrouve souvent en concurrence avec les Etats-Unis. Pour la Chine, le Soudan est important dans la mesure où le brut soudanais représente entre 5 et 10% des besoins pétroliers chinois. Or à l’inverse des occidentaux, La Chine ne prend pas en compte les critiques des ONG dénonçant les Etats faisant affaire avec Khartoum. La Chine a donc considérablement investi au Soudan et s’est chargé de protéger le pays à l’ONU. Opposé à sa partition, la Chine a pourtant su habilement garder de bons contacts avec Khartoum et Juba. Conscient que 75% du pétrole est au sud, mais que la totalité des infrastructures d’acheminement sont au nord, la Chine supporte depuis 2010 le projet d’un oléoduc passant par le Kenya. Pékin, qui s’est d’ailleurs proposé comme médiateur dans le conflit interne au Sud-Soudan, semble donc mieux se débrouiller que les Etats-Unis pour conserver ses intérêts dans la région.

Israël attache également un intérêt particulier au Soudan. Le régime d’Omar el-Béchir est une double menace pour Israël : c’est un pays allié de l’Iran, et un fournisseur d’armes pour le Hamas. Au Soudan s’applique donc « l’alliance de la périphérie », doctrine de la politique étrangère israélienne visant à développer des alliances stratégiques avec les pays non-arabes pour lutter contre l’union des pays arabes contre Israël. L’état hébreu a donc multiplié les contacts avec l’Ouganda, le Kenya mais aussi favorisé l’émergence d’un Sud-Soudan chrétien et animiste. Comme l’explique l’ancien ministre israélien de l’intérieur Avi Dichter, il est « important qu’Israël ait maintenu le conflit au Sud-Soudan, pendant trois décennies, et qu’il le maintienne maintenant à l’Ouest du Soudan ». La situation au Darfour, accompagné des désordres au Sud-Soudan empêchant le Nord de profiter de l’argent du pétrole, est donc pour le moment dans l’intérêt stratégique israélien.

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