Le sommet de Newport a-t-il sauvé l’OTAN?
Se tenait le 4 et 5 septembre 2014 à Newport (Royaume-Uni) le 24ème sommet de l’OTAN. Les chefs d’Etat des grands pays occidentaux avaient à statuer sur la place et le rôle de l’OTAN à l’heure, non seulement de la réactualisation de crises géopolitiques, comme en Ukraine ou en Palestine mais aussi de l’apparition de nouveaux conflits comme en Irak ou en Libye. Quel peut être le rôle de l’OTAN, alliance créée en 1949 dans un monde bipolaire, aujourd’hui dans un monde apolaire ?
La fin de la confrontation Est-Ouest entraîne la rénovation de l’OTAN qui s’est déroulée en deux étapes. D’une part, l’OTAN élargit son champ de compétences en recentrant ses missions sur la gestion des crises internationales. A la « riposte graduée » succède « le nouveau concept stratégique » en 1991, permettant à l’OTAN d’intervenir non plus uniquement sur le territoire des Etats membres mais sur n’importe quel territoire dans la mesure où y surgit un problème de sécurité internationale. C’est sous l’égide de l’ONU que l’OTAN s’engage en Bosnie (1993), au Kosovo (1999) ou en Macédoine (2001). Conséquemment, l’appareil militaire a été contraint de s’adapter à ces évolutions stratégiques. Une force de réaction rapide est créée en complément des forces de défense principales et des forces d’appoint (essentiellement américaines). D’autre part, l’OTAN élargit son champ géographique en s’élargissant aux Etats d’Europe centrale et orientale. En 1999 y adhèrent la Pologne, la Hongrie et la République Tchèque ; en 2004 c’est au tour des trois Etats Baltes, de la Slovaquie, de la Slovénie, de la Bulgarie et de la Roumanie d’intégrer l’OTAN, précédant l’élargissement de l’UE.
Toutefois, les nouvelles crises ont remis en cause l’efficacité de l’organisation.
Les récentes opérations de l’OTAN, directe en Afghanistan en 2001, indirecte en Irak en 2004 et conduite en Libye en 2011, ont toutefois montré l’inadéquation entre cet outil et les nouveaux types de guerres proxys dans des Etats faillis. Pour répondre à ces nouveaux enjeux, le sommet a renforcé la force de réaction rapide (NATO response force) qui, désormais, pourra mobiliser 800 hommes en deux jours et jusqu’à 7 000 hommes en une semaine partout dans le monde.
Concernant la crise ukrainienne, l’OTAN apportera une aide financière et des moyens de renseignement à l’armée ukrainienne pour la préservation de l’intégrité de son territoire. Pour répondre aux inquiétudes grandissantes des pays d’Europe orientale face à la Russie, l’OTAN a décidé d’installer des bases logistiques en Roumanie, Pologne et dans les pays baltes, ce qui n’est pas sans rappeler la crise du bouclier antimissile de 2007. Elle soutiendra également les efforts en matière de défense de la Géorgie et de la Moldavie.
Deux enjeux n’ont cependant pas ou peu été abordés lors de ce sommet. Premièrement, qu’en est-il du « pacte atlantique » à l’heure où les Etats-Unis braquent leurs yeux sur l’Asie ? Deuxièmement, l’OTAN doit entretenir son arsenal militaire alors que de nombreux pays dépensent moins de 1% de leur PIB annuel dans leur budget de défense. L’objectif non contraignant de 2% fixé par le sommet ne suffira probablement pas.