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Quel bilan pour le Sommet mondial de lutte contre le terrorisme ?

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Le Président Obama lors du Sommet Mondial contre le terrorisme
Le Président Obama lors du Sommet Mondial contre le terrorisme

Attentats en France, au Danemark, au Canada, en Australie, radicalisation des Shebabs en Somalie, de Boko Haram au Nigeria auxquels s’ajoute la concurrence entre Daech et la nébuleuse al-Qaïda : Barack Obama a décidé d’organiser un sommet mondial de trois jours sur la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent dont les enjeux sont désormais de plus en plus complexes. Il ne s’agit plus simplement de terroristes de pays « voyous » qui attaquent des ennemis occidentaux sur leur sol ou dans leur propre pays mais d’actes de plus en plus imbriqués, mêlant terrorisme domestique et processus de radicalisation rampants.

Le Sommet qui s’est tenu du 17 au 19 février à Washington un sommet réunissant les représentants de 60 pays et organismes internationaux (ONU, UE) a eu pour objectif de discuter des aspects militaires mais aussi des moyens pouvant être mis en œuvre en amont afin de prévenir la radicalisation conduisant à un renforcement des troupes. Selon les estimations, les troupes de groupes terroristes comme Daech et Al-Qaida regroupent près de 20 000 combattants étrangers dont 4000 venus d’Europe à ce jour. Le contexte interne tel que le chômage, l’exclusion sociale ou l’absence de représentation politique ont également été évoqués en ce qu’ils touchent aussi bien les pays occidentaux que les pays arabes (Jordanie, Tunisie) et favorisent le départ de jeunes pour combattre à l’étranger.

Ce « Sommet mondial pour lutter contre l’extrémisme violent à travers le monde » vise ainsi à favoriser le partage des expériences et les renseignements. Les initiatives infra-étatiques à l’image des stratégies mises en œuvre à Boston, Los Angeles ou Minneapolis en matière de surveillance de recrutement ont par exemple été présentées ainsi que leurs plans d’action réunissant des professionnels du domaine sanitaire, social mais aussi religieux. C’est une vision globale, inclusive et multiscalaire de la lutte contre le terrorisme que s’est proposé d’aborder le forum.

Quelle portée concrète ?

D’emblée, la diversité des représentants présents, si elle permettait des approches complémentaires, laissait craindre que ces différences d’approche ne conduisent pas à des propositions concrètes. L’absence de certains pays comme le Liban n’y était pas été représenté arguant que la présence d’Israël l’empêchait de venir. Cet argument cacherait plutôt une crainte du pays, cible régulière d’attaques terroristes, de voir abordée la question du Hezbollah et de sa participation à la guerre civile syrienne. Par ailleurs, le président américain n’a pas attendu le sommet qu’il semblait vouloir être le point de départ d’une nouvelle forme de lutte contre le terrorisme, pour agir. Un executive order dans le domaine de la cyber sécurité visant à renforcer la détection des menaces en gestation a été signé quelques jours auparavant tandis que le Congrès avait déjà autorisé les interventions contre l’EI.  Ce sommet apparaît ainsi comme une volonté de communiquer sur la lutte contre le terrorisme et de montrer la volonté de coopération multilatérale des Etats Unis d’Obama qui diffère de la « war on terror » de G. W. Bush.

Si la volonté d’inclure un large nombre de pays dans la lutte contre le terrorisme pouvait laisser espérer des avancés notables, le bilan du Sommet semble mince. Tout d’abord le constat général n’est pas nouveau : les dirigeants se sont accordés sur le fait que le renforcement de la radicalisation trouve sa source dans le dysfonctionnement des sociétés et sur l’utilisation d’internet dans le recrutement de combattants. Aussi, le partage de renseignements promis par les Etats trouvera certainement ses limites dans les questions de protection de la vie privée. Enfin, le plan d’action contre l’extrémisme violent adopté par les participants ne prévoit aucune mesure concrète sinon leur élaboration lors d’un sommet de l’ONU en septembre 2015.

 

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