Burundi : Chronique d’une tentative de coup d’Etat
Petit pays d’Afrique de l’Est, le Burundi n’attire d’ordinaire pas l’attention des médias occidentaux. Pourtant, depuis plusieurs jours, la montée de violences qui s’accélèrent à Bujumbura, la capitale, et le flou qui règne quant à la stabilité politique du pays, l’ont mis sur le devant de la scène internationale.
Un pouvoir politique contesté
Depuis le 26 avril, le Président de la République Pierre Nkurunziza est à l’origine de tensions qui mettent à mal l’équilibre politique du pays. Au pouvoir depuis 10 ans, cette homme politique, originaire des provinces de Kayanza et issu du Parti CNDD-FDD (Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie), a récemment annoncé vouloir briguer un troisième mandat présidentiel, jugé inconstitutionnel par une partie du peuple, malgré l’aval de la Cour Suprême. L’opposition a alors appelé à des manifestations pacifiques pour protester contre cette tentative du Président d’asseoir une nouvelle fois son pouvoir.
Début mai, les rassemblements se succèdent et affrontent les partisans du Président et les opposants, dans des heurts de plus en plus violents. L’armée burundaise, et notamment l’un de ses représentants, le général Godefroid Niyombare jusque là passive face aux événements, a déclenché une véritable crise politique au sein du pays. Ancien chef d’Etat-major, ex-directeur des renseignements nationaux, et ancien allié politique de Nkurunziza, ce dernier, souhaitant avorter ce qu’il qualifie de tentative de « coup d’Etat » , a annoncé officiellement la destitution du Président, alors en Tanzanie pour un sommet régional sur la crise politique que traverse son pays, ainsi que la dissolution de son gouvernement. Après deux jours de confusion, le chef des putschistes s’est rendu, mais les contestations continuent, et la police ne cesse les démonstrations de force.
Une situation politique floue et le risque d’une instabilité régionale
Issue des accords de paix d’Arusha signés en 2000 mettant fin à des années de guerres civiles dans la région, la violation de la limitation à deux mandats présidentiels reste perçue comme une remise en cause d’un texte fondateur pour la stabilité de la région. L’instabilité qui secoue le pays ravive les souvenirs sanglants de la guerre civile qu’a connu le pays de 1993 à 2006. Comme le génocide au Rwanda de 1994, ce conflit a été fortement marqué par l’opposition entre Hutus et Tutsis. La crise qui secoue actuellement le pays risque ainsi de raviver ces tensions ethniques toujours vivaces.
Face au chaos, la Présidence a annoncé le report d’une semaine des élections législatives et communales initialement prévues le 26 mai. Cette situation risque de décrédibiliser le Burundi sur la scène internationale, et d’encourager son enlisement déjà perceptible sur sur le plan économique. Selon le Ministère des affaires étrangères français, le Burundi est déjà l’un des pays les plus pauvres au monde (180ème position sur 187 pays au classement de l’indice de développement humain de 2013 du PNUD).