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Une épidémie de fièvre jaune de plus en plus problématique au Brésil

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Depuis un an, le Brésil connaît « la plus importante flambée [de fièvre jaune] survenant dans les Amériques depuis les trente dernières années ». Même si elle est rarement fatale, la maladie a entraîné suffisamment de morts pour inquiéter le Brésil et ses voisins.

La fièvre jaune, un ancien fléau

La fièvre jaune est une maladie hémorragique virale qui est transmise par des moustiques, principalement ceux du genre Aedes. Lorsqu’un singe est infecté, il agit comme un incubateur et la maladie se révèle alors beaucoup plus grave si elle est ensuite transmise à un être humain. Chez l’homme, la maladie est asymptomatique dans deux à trois quarts des cas. Néanmoins, dans une faible proportion, la maladie peut évoluer en forme sévère et entraîner, alors, la mort du malade dans un cas sur deux !

Avant la découverte de son vaccin, la fièvre jaune était une maladie très problématique, qui a sévi dans tout le continent américain du XVI° au XX° siècle. On l’oublie parfois, mais elle a eu un véritable impact sur le cours de l’Histoire. En premier lieu lors de la colonisation du Nouveau Monde les européens ont vu leurs rangs amoindris par cette maladie, ce qui a grandement ralenti leur progression. La guerre d’indépendance de St-Domingue, en 1802, constitue un autre exemple marquant puisque l’armée française a été décimée par la fièvre jaune. C’est notamment ainsi que Toussaint Louverture a pu obtenir l’indépendance de l’île l’année suivante. De même, rappelons que la Louisiane a été vendue pour une maigre somme aux Etats-Unis du fait que la région était ravagée par le paludisme… et la fièvre jaune !

Depuis le début des années 2000, la fièvre jaune est réapparue en Afrique et en Amérique latine. En 2013, on estimait ainsi qu’il y avait eu entre 30 000 et 60 000 morts rien que sur le continent africain. Récemment d’importantes campagnes de vaccination, menées par l’OMS, ont permis de stopper des épidémies, notamment en République Démocratique du Congo et en Angola il y a deux ans. Aujourd’hui, ce sont tout de même 40 pays qui sont classés à haut risque, dont le Brésil.

Un problème multi-dimensionnel

Le Brésil fait face à une épidémie de fièvre jaune. Il mène des campagnes de prévention et de vaccination pour lutter contre la maladie.
Seule la vaccination peut éradiquer la fièvre jaune.

Parce qu’il n’y a aucun traitement post-contamination, le seul moyen de lutter efficacement contre la fièvre jaune demeure la vaccination, extrêmement efficace, peu coûteuse et durable. Or le Brésil a fait le choix initial de ne vacciner que les zones touchées par l’épidémie, pensant que cela suffirait à l’endiguer. Malheureusement, celle-ci, initialement localisée au Nord-Est du pays, se retrouve désormais sur la quasi-totalité du territoire, Sudeste compris. Autre erreur, l’État n’a pas assez insisté dans ses campagnes de communication sur l’importance de signaler toute infection. Aujourd’hui la sous-notification de la maladie est très importante et beaucoup de personnes infectées (parfois gravement) ne réalisent pas être affectées par la fièvre jaune. Ainsi, on estime que le véritable nombre de cas est 10 à 250 fois supérieur à celui officiellement notifié ! Cette situation demande donc de réévaluer les 723 cas graves (dont 237 mortels) depuis juillet 2017. Tout cela contribue à une propagation de la maladie qui pourrait entraîner des problèmes d’une nouvelle nature.

Outre les conséquences sanitaires, les conséquences économiques pourraient se révéler graves pour le pays. Pour l’instant l’épidémie est globalement localisée dans les forêts, on parle de « fièvre jaune selvatique », il n’y a donc que peu d’individus qui rentrent en contact avec la maladie. Cependant la maladie risque très bien d’évoluer en « fièvre jaune urbaine » et toucher les grandes villes du pays, ce qui la propagerait à des millions d’individus. Pour éviter cela, les Etats et les villes du Sudeste procèdent à une importante campagne de vaccination, avec 26 millions de doses distribuées. Mais, en attendant que cela porte ses fruits, certaines villes recourent à des mesures quelque peu extrêmes. Ainsi Rio de Janeiro – en plein carnaval – a mené une importante campagne de communication pour déconseiller aux habitants et aux touristes de sortir de la ville.

Les risques d’une propagation au-delà des frontières

Les risques d’une épidémie mondiale sont faibles. Cependant, la question se pose à l’échelle régionale. Au nord, la Guyane française, le Suriname et le Guyana ont tous trois ont une très haute couverture vaccinale, le risque de propagation est donc quasi-nul. Cependant, on ne peut pas en dire autant pour les voisins du Brésil à l’ouest et au sud-ouest. Dans l’est de la Bolivie, au Paraguay, au nord de l’Argentine et de l’Uruguay, on trouve les mêmes conditions idéales au développement de la fièvre jaune. Mais ces pays ont une mauvaise couverture vaccinale et ils redoutent donc une propagation de la maladie sur le territoire.

De même, le Brésil étant un pays très touristique, il attire de nombreux ressortissants latino-américains. C’est ainsi que certains cas de fièvre jaune ont été détectés en Uruguay, en Argentine et même au Chili. Mais des touristes européens – dont un hollandais et un suisse – ont eux aussi été affectés. Il y a peu de risques qu’un touriste contaminé crée une épidémie en Europe. Toutefois, si cela arrivait, la maladie serait potentiellement plus difficile à contrer car plus résistante et plus violente.

Toutes ces potentialités ont récemment amené les pays-membres du Marché commun du Sud (Mercosur) à négocier la mise en place, encore hypothétique, d’un vaccin obligatoire pour se rendre au Brésil. Néanmoins, l’OMS relativise les risques et se veut rassurante. Elle indique d’ailleurs qu’il ne doit pas y avoir de restrictions de voyage ou de commerce avec le Brésil.

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