RDC : jusqu’où ira Félix Tshisekedi ?
A la suite des élections présidentielles de 2018, la RDC assiste à de nombreux changements de couleurs politiques au sein de ses institutions. Après le renversement de la majorité parlementaire et du gouvernement, c’est maintenant au président du Sénat de démissionner.
Renversement de la majorité parlementaire
En décembre 2018, Félix Tshisekedi est élu président de la République démocratique du Congo (RDC). Il prend ses fonctions en janvier 2019 et remplace Joseph Kabila qui était à la tête du pays depuis 18 ans. Certes, il sort vainqueur des élections présidentielles, mais il n’a pas de majorité ni au parlement ni au sein du gouvernement. Le Front commun pour le Congo (FCC), parti du président sortant, remporte les élections législatives et provinciales de 2018, ainsi que les sénatoriales de 2019. Ces victoires permettent à l’ancien président de garder un contrôle sur ces institutions. Vainqueur en demi-teinte, le nouveau président décide alors de s’allier avec son prédécesseur.
En décembre 2019, après une série de consultations politiques initiées deux mois plus tôt, le président congolais rend ses conclusions dans une allocution. Il y fait notamment état de la fin de la coalition politique entre le FCC et le CACH (Cap pour le changement). Celle-ci paralyse, selon les personnes consultées, les réformes voulues par le président Félix Tshisekedi.
Un an plus tard, une pétition est déposée par des députés de différents bords politiques. Celle-ci vise la présidente de l’Assemblée nationale, Jeanine Mabunda. On lui reproche notamment une « gestion opaque » de la caisse de l’Assemblée ainsi que de s’être « illustrée par des initiatives cavalières, conflictogènes et partisanes ». Cette pétition donne lieu à un vote de destitution de la présidente ainsi que de son bureau. La majorité parlementaire change alors de camp, en faveur du président congolais actuel.
Renversement du gouvernement
Le renversement de la majorité au sein de la chambre basse constitue une victoire importante pour le président Félix Tshisekedi. Il n’en reste pas moins que le gouvernement reste issu pour les deux tiers du FCC. De son côté, le Premier ministre est proche de l’ancien président, Joseph Kabila.
Puisque le régime congolais est un régime semi-présidentiel, le gouvernement dépend fortement de l’Assemblée nationale. Il semble donc difficile pour le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba de rester en place après un changement de couleur au sein de la chambre basse. Le président de la République congolaise demande à la suite de cet évènement à son Premier ministre, de démissionner – ce qu’il refuse.
Fin janvier 2021, le vote de la nouvelle majorité parlementaire contraint le Premier ministre et son cabinet à la démission. Les parlementaires font état de ses « mauvaises performances ». 367 députés sur 500 votent la défiance. Quelques jours plus tard, le président du bureau provisoire, Christophe Mboso, est élu à la tête de l’Assemblée nationale.
Renversement du Sénat
Le Sénat restait jusqu’à jeudi dernier la seule institution qui demeurait aux mains de l’opposition. Le président du Sénat, contraint par la pression, a finalement remis sa démission le 5 février 2021.
Et après ? Dans le bras de fer entre le président honoraire et celui actuel, Félix Tshisekedi est en très bonne posture. Il ne reste aujourd’hui plus aucun proche de l’ancien président à la tête d’une grande institution en RDC. Ceci ouvre un boulevard pour l’application du programme politique du président Tshisekedi. Toutefois, Joseph Kabila n’a pas dit son dernier mot. Affaire à suivre.