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Les Accords de Yalta et la préfiguration d’un monde post-conflit 

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Véritable tournant de la Seconde Guerre mondiale, les Accords de Yalta marque une étape décisive dans l’histoire mondiale. Plus que des Accords historiques, un sens commun tend à assimiler les Accords de Yalta à la paix. Dans cette perspective, il est accordé aux Accords de Yalta la réorganisation géopolitique du monde de l’après-guerre. Pourtant, la réalité serait plus complexe…

La conférence de Yalta, retour sur une conférence mythique

Carte de la Crimée, où nous pouvons remarquer la proximité de la péninsule avec la Russie (à l'époque, l'URSS). Autrement dit, la conférence a eu lieu dans une zone soviétique.
Carte de la Crimée, péninsule située dans le sud de l’Ukraine et sur la côte nord de la mer Noire et sur la côte ouest de la mer d’Azov.

Pour comprendre l’ampleur des Accords de Yalta, il faut revenir sur le contexte politique et historique de ceux-ci. En effet, les Accords sont issus de la conférence de Yalta. Du 4 au 11 février 1945, la conférence de Yalta en Crimée réunit les trois dirigeants des puissances Alliées. Entre Joseph Staline (Union Soviétique), Winston Churchill (Grande-Bretagne) et Franklin Roosevelt (États-Unis), l’interrogation principale reste la suivante : comment organiser l’Europe d’après-guerre ? Si l’armistice n’est toujours pas signé, l’Allemagne d’Hitler se trouve dans une position telle que la fin de la guerre ne saurait tarder.

Ainsi historique, les objectifs affichés de la conférence sont multiples. Il ne s’agit pas seulement de décider d’une stratégie commune afin de hâter la fin de la guerre. Au contraire, la conférence pose des interrogations dépassant les enjeux du présent. Souhaitant se décider sur le sort de l’Europe après la défaite du IIIe Reich, l’un des enjeux majeurs reste celui de garantir la stabilité du monde au-delà de la victoire.

Le contexte géopolitique et historique des Accords de Yalta

La question de la réorganisation du monde reste cruciale. Au moment de la Conférence de Yalta, les forces alliées avaient déjà remporté des victoires importantes contre les puissances de l’Axe. Les troupes américaines et les troupes soviétiques étaient parvenues à pénétrer au sein de l’Allemagne nazie, laissant celle-ci en retraite sur le front de l’Est. En parallèle, les Alliés préparaient leurs plans pour l’invasion du Japon dans le Pacifique. La libération de territoires européens occupés par les nazis n’était plus qu’une question de temps, ce qui posait des questions essentielles sur la façon de redessiner la carte politique du continent.

Néanmoins, la victoire proche des Alliés ne constitue pas la seule configuration des Accords de Yalta. L’influence progressive de l’URSS en Europe centrale représente un aspect essentiel au façonnement de ces Accords. Par la signature d’armistices entre les anciens alliés de l’Axe – à savoir la Hongrie et la Finlande –, l’URSS avait engagé le futur de l’Europe orientale dès 1944. En réalité, ces armistices permettaient à l’URSS un contrôle sur la politique interne des pays. L’annexation d’autres terres, par modifications territoriales, permettait un contrôle et une influence soviétique considérables en Europe centrale. Si bien qu’au moment de la conférence, l’Armée rouge ne se situe qu’à 80km de Berlin, contre les forces américaines et britanniques toujours bloquées dans le Rhin. Dans cette perspective, le lieu de la conférence, au bord de la mer Noire, constitue une démonstration du pouvoir de Staline.

Les principales décisions arrêtées des Accords de Yalta

L'image tend à matérialiser l'un des accords tenu dans les Accords de Yalta, à savoir l'entrée en guerre de l'URSS contre le Japon en échange de terres.
Il s’agit de l’accord concernant l’entrée de l’Union soviétique dans la guerre contre le Japon, signé le 11 février 1945.
Source : Archives de la politique étrangère du ministère des Affaires étrangères de la Fédération de Russie.

La conférence de Yalta permet aux trois dirigeants de s’entendre sur plusieurs points. Cette entente, faite de compromis, constitue la création des Accords de Yalta. Ces Accords considèrent notamment :

    • Le sort d’une Allemagne divisée. La division de l’Allemagne en trois zones occupées par les trois vainqueurs : États-Unis, URSS, Royaume-Uni. Plus tard, sous l’insistance de Churchill, la France gagnera aussi une partie de l’Allemagne.
    • L’affirmation des libertés démocratiques. Les Accords garantissent la tenue d’élections libres dans les États européens libérés par des gouvernements provisoires représentatifs.
    • La question japonaise. Lors de la conférence, il a été convenu l’entrée en guerre de l‘URSS contre le Japon dans les 3 mois après la défaite allemande. L’URSS parvient à obtenir des territoires, en particulier, l’annexion des Iles Sakhaline et Kouriles. L’engagement soviétique à la guerre était essentiel pour Roosevelt, qui souhaitait alléger les efforts de l’armée américaine. Si bien que plusieurs concessions furent faites à l’URSS.
    • Les frontières polonaises redéfinies. Le déplacement de la Pologne vers l’ouest représente une autre de ces concessions. Des territoires sont cédés à l’URSS, notamment avec l’établissement de la frontière soviéto-polonaise sur la ligne du Pacte germano-soviétique de 1939.
    • La réorganisation du « Comité de Lublin ». Il s’agit du gouvernement prosoviétique établi en Pologne libérée, composé d’anciens membres du gouvernement exilés à Londres. Cette réorganisation tient à éviter l’influence totale soviétique au sein du pouvoir polonais, formant ainsi un gouvernement de coalition.

Autrement dit, il serait simple de penser que les Accords de Yalta ont réformé à eux-seuls l’Europe post-conflit. Les Accords prennent acte du contexte géopolitique qui les précèdent, et constituent un événement majeur pour l’URSS. Ainsi, s’ils ont bien officialisé et institutionnalisé des concessions, les Accords constituent plutôt un signe énonciateur d’un monde émergeant, et d’une guerre froide déjà en approche. 

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Rose Moreira

Étudiante en Master 2 Relations Internationales et Action à l'étranger à l'université Panthéon-Sorbonne, je me passionne pour les questions relatives au genre en politique. Si mes intérêts portent principalement sur la zone Asie, je reste sensible à toutes les aires géographiques, notamment celle de l'Amérique latine.

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