Pétrole, Etats-Unis, Chine : trois recettes pour un désastre
Prenez des cours pétroliers en chute libre depuis 18 mois. Ajoutez-y des secousses financières majeures et répétées dans la première économie de la planète. Saupoudrez d’une dose de remontée des taux américains, et vous obtenez de quoi bouleverser pour quelques temps une économie mondiale en panne.
Voilà donc de quoi donner du grain à moudre à tous les Cassandre des places financières. Alors que les pays occidentaux jubilent d’une croissance supérieure à 1%, que les Etats-Unis décident, contre toute attente, d’une (légère) remontée des taux d’intérêts de la FED, voilà que la Chine démontre, mois après mois, qu’elle n’est pas aussi fiable économiquement et financièrement que l’on ne le croyait. Pris séparément, on pourrait se dire que les trois faits marquants de ce début d’année sont une bonne chose. Une remontée des taux US, n’est-ce pas autre chose qu’une preuve que l’économie américaine va enfin mieux ? Une chute des prix du brut, n’est-ce pas un coup de pouce pour les pays consommateurs en crise ? En Chine, les secousses actuelles, en partie dues à la décision de faire flotter le renminbi, ne sont-elles pas la preuve de la poursuite de l’ouverture chinoise ?
Et pourtant, c’est tout l’inverse. Dans une période si trouble en Chine, abandonner le rattachement du renminbi au dollar, au profit d’une variation par rapport à un panier de monnaies, a de quoi surprendre. Oui, le renminbi chutait depuis plusieurs mois vis-à-vis du dollar. Mais beaucoup craignent que la prochaine étape soit une dévaluation pure et simple de la monnaie chinoise, pour redonner le moral aux exportateurs chinois, et asphyxier tous les autres. En effet, les doutes sur la réelle croissance chinoise (les 6,9% en 2015 restent discutables) pèsent sur tous les pays fort dépendants de la Chine. En particulier tous ceux où la Chine investit beaucoup et/ou ceux dont les entreprises ne pourront lutter contre un renminbi affaibli, notamment la plupart des pays émergents. A moins que ces pays, eux-mêmes, ne pâtissent également d’un affaiblissement de leur monnaie, au risque de voir leur endettement grossir à vue d’œil.
Il n’y a plus assez d’huile dans le moteur-monde
Quant aux Etats-Unis, la hausse des taux de la FED, une première depuis de nombreuses années, qui plus est dans un contexte de baisse du prix du pétrole et d’une inflation presque nulle, est probablement venue trop tôt. Il est possible que la FED fasse machine arrière, et rejoigne ses équivalents chinois et européen dans la démonstration que les grandes Banques centrales n’ont rien compris des mutations en cours. Les options leur sont de plus en plus réduites, si bien même que les stimuli qu’elles procurent lors des phases de crise pourraient bien ne pas suffire.
La fameuse « stagnation séculaire », marquée par une inflation nulle, une croissante absente et une confiance envers les décideurs politiques et économiques au plus bas, n’est plus à écarter. Il y a un vrai malaise dans l’économie mondiale. Surtout lorsque les options, alternatives et autres relais de croissance se font cruellement attendre…