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Argentine : l’année tourmentée de Mauricio Macri

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Récession, inflation, « Panama Papers », crise vénézuélienne : le président argentin Mauricio Macri enchaîne les difficultés depuis son arrivée au pouvoir. Malgré ces éléments, ce dernier maintient le cap libéral  sur lequel il a été élu. Retour sur les débuts de la présidence Macri.

Evolution des parts de marché en argentine (Source : http://www.tresor.economie.gouv.fr)
Evolution des parts de marché en argentine (Source : http://www.tresor.economie.gouv.fr)

Après douze ans de « kirchnérisme » (les époux Nestor et Cristina Kirchner s’étant succédé à la présidence entre 2007 et 2015), marqués par un interventionnisme étatique dans l’économie argentine, le nouveau président argentin Mauricio Macri souhaitait marquer une rupture libérale avec le modèle péroniste dont s’inspiraient les époux Kirchner. Pourtant, neuf mois après son accession à la présidence de la deuxième économie d’Amérique du Sud, ce-dernier accumule les contrariétés à son programme de réformes. L’économie argentine pourra-t-elle sortir du marasme dans lequel sont plongées les économies sud-américaines depuis plusieurs mois ?

2016 confirme les difficultés économiques que connaît le pays depuis plusieurs années, avec une récession économique à -1,0%,un déficit public de 4,8% et surtout une inflation galopante à 43,5%, en particulier pour le gaz et l’électricité, qui a donné lieu à des manifestations d’envergure dans la capitale. Pour redresser l’économie, le nouveau président a engagé des réformes qui s’inscrivent dans un registre d’ouverture à l’international avec une réforme du contrôle des changes ou une réforme de l’Institut des Statistiques (INDEC), qui fut accusé en 2013 par le FMI de truquer les chiffres de la croissance et de l’inflation. Le FMI justement, non grata dans le pays depuis plusieurs années, est en train de normaliser ses relations avec l’Argentine puisque Macri a accepté l’envoi d’une commission d’audit des comptes publics de la part de l’institution financière (bien que le rapport final ne soit pas contraignant). Les relations avec cette dernière avaient été rompus en 2006 après l’immense crise que traversa le pays au début du siècle. Surtout, Macri a pu réintégrer l’Argentine aux marchés internationaux par la résolution du litige des vulture funds en début d’année, qui plombaient l’économie argentine depuis cette crise : le pays peut désormais de nouveau émettre des titres de dette publique sur les marchés financiers.

Dans cette optique d’ouverture libérale, il a organisé au début du mois de septembre un grand forum économique à Buenos Aires en invitant des centaines de chefs d’entreprises internationaux dans le but de les convaincre d’effectuer des IDE – investissements directs à l’étranger – en Argentine au cours duquel il déclara « Nous allons à la rencontre du monde ». Afin de rassurer ces derniers, il a en outre fixé pour l’année prochaine trois grands axes  : tendre vers un régime de change équilibré, diminuer les financements de la Banque Centrale et ne pas augmenter les taux d’imposition des entreprises. Ainsi, Siemens a annoncé un plan d’investissement de cinq milliards d’euros sur quatre ans dans les infrastructures énergétiques et de transport du pays à la suite de ce forum.

L’argentine peut-elle craindre un nouveau cycle de crise  ?

Malgré ces nombreux signes de séduction à l’égard des investisseurs internationaux, le contexte international morose en Amérique du Sud et en Chine semble être obstacle majeur, freinant les investissements et la reprise économique. En effet, le Brésil – premier partenaire commercial de l’Argentine – subit une grave crise politique et économique, tandis que la Chine connaît un ralentissement sérieux de sa croissance. D’autant que le pays s’éloigne du Mercosur, en pleine crise institutionnelle depuis que plusieurs pays – dont l’Argentine – ont refusé de reconnaître la présidence tournante du Venezuela.

Peut-on pour autant craindre une nouvelle crise économique et sociale majeure comme celle qu’a connu le pays en 2001 ? Les effets de la politique libérale de Mauricio Macri font en tout cas monter un mécontentement dans la population : les investissements tardent à arriver, le chômage augmente sensiblement, des subventions d’État sont coupées et le pouvoir d’achat des argentins s’effondre sous le poids de l’inflation. Le président argentin a déjà face à lui une opposition forte, portée notamment par Cristina Kirchner, qui pourrait lui porter un coup rude lors des élections législatives en 2017. Il pourrait également payer le fait d’avoir été nommé dans l’affaire des Panama Papers, bien qu’il affirme son innocence dans cette affaire. L’année 2017 sera donc celle de tous les dangers en Argentine, dans la mesure où les risques pris par Mauricio Macri pourraient se retourner contre lui.

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Lucas MAUBERT

Doctorant en Histoire à l'Université de Tarapacá (Chili). Diplômé de l'IEP de Rennes et de l'Université Rennes 2. Rédacteur pour Les Yeux du Monde depuis 2016.

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