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Bolsonaro, point d’orgue de la prise de pouvoir des églises pentecôtistes

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Lorsque le 13 mars 2013 le cardinal argentin Jorge Bergolio devint le premier Pape sud-américain, beaucoup d’observateurs y ont vu une conséquence logique du renversement de la ferveur catholique. Face à un occident sécularisé et aux pratiquants vieillissants, l’Amérique Latine, qui rassemble 40% des catholiques du monde, apparaît comme le nouvel épicentre de la foi catholique. Et si ce constat était trompeur ? Si la véritable vitalité religieuse résidait dans les églises pentecôtistes ?

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Le président Brésilien Jair Bolsonaro a intégré une Eglise pentecôtiste peu avant son élection.

La guerre spirituelle entre les Eglises

Héritage de la colonisation, 90% des habitants se déclaraient catholiques en 1960. Ils ne sont plus que 69% en 2014.  Le processus à l’œuvre n’est pas une sécularisation de la société sur le modèle occidental, mais une substitution d’allégeance religieuse à une autre. En effet, le taux d’athées reste faible, alors que les conversions de catholiques vers les Eglises pentecôtistes augmentent.

Prosélyte et utilisant des techniques marketing dignes de marques commerciales (publicité, émission TV), les Eglises pentecôtistes gagnent des fidèles, en quantité comme en qualité. En témoigne la foi militante de footballeurs stars comme Neymar, arborant fièrement un bandana « 100% Jésus » au moment de soulever le plus important trophée européen.

Rôles sociaux-économiques  tentaculaires

Véritable business, les Eglises pentecôtistes vendent une relation privilégiée avec Dieu, des guérisons miracles, mais pas seulement. Forte d’une implantation populaire et politique de plus en plus importante, leurs activités peuvent être surprenantes pour des serviteurs de Dieu. Ainsi, nombre de chefs de gangs et de cartel, en particulier en prison, sont pentecôtistes.

En plus de profiter de la promotion « musclée » des gangs, qui n’hésitent pas à chasser les autres religions des favelas, ces Eglises elles-mêmes ont des activités troubles. Demandant à leurs fidèles de reverser 10% de leurs revenus, elles brassent des millions, ce qui, bien sûr, leur permet de corrompre aisément les décideurs.

La prise de pouvoir politique

Face à la corruption et aux difficultés sociaux-économiques, la gauche, au pouvoir dans de nombreux pays latino-américains au début du siècle, recule. Les propositions politiques autoritaires se multiplient, et le conservatisme ainsi que la puissance financière des Eglises pentecôtistes s’y associent parfaitement.

Si de petits pays comme le Guatemala (qui compte 41% d’évangélistes dans sa population) avaient déjà connu l’élection d’un chef de l’Etat évangélique militant (Jimmy Morales), le coup de tonnerre pour l’opinion publique mondiale a été la dernière élection présidentielle brésilienne. Le Brésil est le pays abritant le plus de pentecôtistes au monde, et c’est tout naturellement que des politiques ostensiblement évangéliques ou pentecôtistes sont arrivés au pouvoir, comme à Rio de Janeiro. Lors de la campagne présidentielle, l’Eglise universelle du royaume de Dieu a apporté son soutien à Jair Bolsonaro, qui lui-même est passé du catholicisme à l’évangélisme en 2016. Le candidat d’extrême-droite fût élu triomphalement.

On constate donc que l’élection de Bolsonaro sur un programme réactionnaire est en partie le résultat d’une réorientation religieuse de l’Amérique Latine. Ainsi, si le Pape François apparaît comme un progressiste, l’Amérique Latine semble se tourner vers la réaction, parfaitement incarnée par le recul de la gauche sur tout le continent, le conservatisme des pentecôtistes n’y étant sans doute pas étranger.

Sources :

https://www.la-croix.com/Religion/Actualite/En-Amerique-latine-le-catholicisme-perd-du-terrain-face-aux-evangeliques-2014-11-14-1237102

https://www.lepoint.fr/monde/amerique-latine-trois-choses-a-savoir-sur-l-influence-des-evangeliques-dans-la-politique-06-10-2018-2260780_24.php

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Charles SIROUX

Travaillant dans la gestion de risque et de crise, il est diplômé d'un M2 en géopolitique et prospective à l'IRIS. Ses thèmes de prédilection sont les enjeux sécuritaires, énergétiques et d'influence, ainsi que les tendances historiques.

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