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Le passage du Nord-Ouest : un réel accroissement du trafic de transit ? 

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La première traversée du passage du Nord-Ouest par un navire américain en 1969 a ouvert la possibilité de traverser le continent américain sans emprunter le canal de Panama. Néanmoins, cet espace sous souveraineté canadienne ne semble pas bénéficier d’une fréquentation importante en comparaison de la route maritime Nord. 

Le passage du Nord-Ouest : de quoi s’agit-il ?  

Le passage du nord ouest canadien nécessite l'utilisation d'un brise-glace
Le passage du Nord-Ouest peut-il devenir un espace de trafic maritime de premier plan?

Le passage du Nord-Ouest Canadien est un ensemble de routes maritimes reliant l’Océan Atlantique à l’Océan Pacifique. Cet espace maritime, composé exclusivement des eaux intérieures canadiennes,  représente un intérêt croissant pour le transport naval et des enjeux stratégiques primordiaux. Le passage permet en effet de raccourcir les distances de transport de manière importante à l’échelle mondiale. 

« Par le passage du Nord-Ouest, le trajet entre Londres et Tokyo n’est plus que de 15 700 km, contre 23 300 km par Panama et 21 200 km par Suez, la principale route entre l’Europe et l’Asie, ce qui présente une route plus courte de 5 500 km (26 %). » [1]

Il apparaît alors aisément que le passage du Nord-Ouest semble être une alternative intéressante pour les armateurs et les compagnies maritimes afin de réduire les coûts liés au transport. 

Une augmentation importante du trafic maritime 

Il est possible de constater depuis une dizaine d’années, une augmentation importante du trafic maritime dans la région arctique, notamment dans la zone du passage du Nord-Ouest. Cette augmentation s’explique particulièrement par la fonte des glaces qui a rendu possible la navigation pendant une partie de l’année. En effet, libre de glace, ou recouvert de glaces beaucoup plus fines, le passage devient alors possible aux navires durant la saison estivale. 

Un récent rapport du Conseil de l’Arctique, publié le 13 avril 2021 [2], fait état d’une augmentation de 44% du trafic maritime dans le passage du Nord-Ouest entre 2013 et 2019.  La crise du coronavirus a diminué la fréquentation du passage, notamment par la baisse des navires de croisière. Néanmoins, il ne peut être opposé que ces nouvelles routes maritimes représentent un nouvel axe de communication. 

Il convient toutefois de nuancer cette augmentation. Une étude plus attentive du rapport permet de comprendre que cette hausse de trafic ne place pas le passage du Nord-Ouest comme une voie de transit de première importance. On constate que le trafic est composé majoritairement de navires de pêche et de plaisance n’effectuant que de courtes distances dans les eaux du passage. Le Conseil de l’Arctique relève à ce titre que les navires ne parcourent en moyenne dans le passage que 6,17 milles nautiques en 2019 [3], soit environ 11,5 km (sur un total de 1500 km). 

Un espace maritime en manque d’investissements

La fréquentation et la navigation dans le passage du Nord-Ouest se heurtent encore à plusieurs difficultés. En effet, le manque d’infrastructures et d’investissements par le gouvernement canadien ne permet pas de garantir un accompagnement des navires lors de leur passage. L’intérêt croissant pour la région polaire arctique nécessite des investissements à la hauteur des enjeux stratégiques de cette zone. La route maritime du Nord bénéficie d’un plan d’investissement de 735 milliards de roubles (environ 8,15 milliards d’euros) par le gouvernement russe [4] afin de créer de nouvelles infrastructures. Par contre, le passage du Nord-Ouest ne comprend pour le moment que quatre ports pouvant accueillir réellement des navires de transit. A cela s’ajoute le faible nombre de navires brise-glaces détenu par le Canada (uniquement neuf en état de fonctionnement). On comprend alors que les possibilités de navigation restent très limitées et cantonnées à la seule saison estivale (de juin à octobre) [5]

Ainsi, les conséquences du réchauffement climatique et la fonte des glaces dans la région arctique favorisent l’augmentation du trafic sur les routes maritimes du passage du Nord-Ouest. Néanmoins, il apparaît que cette fréquentation se concentre principalement autour du trafic de destination et non sur un réel trafic de transit. 

Sources :

[1] LASSERRE Frédéric, « Le passage du Nord-Ouest : une route maritime en devenir? », Revue internationale et stratégique, 2001, n°42, pp. 143-160.

[2] Conseil de l’Arctique, « Arctic Shipping Status Report – Shipping in the Northwest Passage », 13 avril 2021, disponible en ligne.

[3] QUINN Eilis, « Le trafic maritime dans le passage du Nord-Ouest a augmenté de 44 %, selon un rapport », Regard sur l’arctique, 16 avril 2021.

[4] QUENELLE Benjamin, « La route de l’Arctique aiguise les appétits », La Croix, 01 juillet 2019. 

[5] BOULAND Yannis (dir.), Les routes maritimes arctiques : vers une redéfinition des axes commerciaux ?, Institut d’Études de Géopolitique Appliquée, Paris, Avril 2021

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Thomas PEPIN

Juriste internationaliste diplômé, je suis particulièrement intéressé par les relations diplomatiques, les enjeux de migrations internationales et la géopolitique des régions polaires. Vous êtes sur Linkedin? Suivons-nous!

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