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Rupture du contrat de sous-marins franco-australien: avènement d’une nouvelle ère dans l’Indo-Pacifique ? 2/2

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La rupture du contrat de sous-marins et la nouvelle alliance AUKUS donne lieu à un repositionnement géopolitique dans l’Indo-Pacifique. L’Europe cherche un ancrage qu’elle n’a pas, à l’exception de la France. Avec de potentielles retombées funestes.

Rupture contrat sous-marins franco-australien
La rupture soudaine du contrat de livraison de sous-marins français par l’Australie et les conséquences dans l’Indo-Pacifique

Le jeu géopolitique en Indo-Pacifique

Ce positionnement des Etats-Unis, via AUKUS, témoigne d’une réaffirmation du leadership américain, un mois après la chute de Kaboul. Or, l’AUKUS, sorte d’OTAN pacifiste construit pour se protéger de la Chine, déplaît à cette dernière. En effet, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré qu’il « nuit gravement à la paix et à la stabilité régionales ». A ce sujet, il est à noter que la Chine affirme ses revendications territoriales dans les mers de Chine de manière plus agressive depuis les années 1980. Avec l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2013, elle a considérablement renforcé ses capacités militaires. Ces derniers mois, les tensions se sont accrues entre la Chine et l’Australie. L’Australie a été le premier pays, dès avril 2020, à demander une enquête indépendante pour déterminer l’origine de l’épidémie de Covid-19. Cela avait suscité des réactions hostiles du gouvernement chinois. En retour, ce dernier a imposé en novembre 2020 des taxes douanières à certains produits australiens, dont le vin.

En revanche, la nouvelle coopération militaire annoncée par l’Australie, les États-Unis et le Royaume-Uni, devrait être accueillie positivement, du moins en privé, par l’Inde.

Une nécessaire redéfinition de la stratégie française

La France se voit contrainte de recalibrer sa stratégie dans l’Indo-Pacifique et la recherche de nouveaux marchés devient une priorité. Afin de dynamiser sa base industrielle et technologique de défense (BITD), de nouvelles exportations de matériels de défense pourront être envisagées.

Sa BITD lui permet de concevoir et de fabriquer tous ses systèmes de défense. Ainsi, la France peut prôner une autonomie stratégique. Et elle peut convaincre, à terme, les pays de l’UE à envisager une défense européenne. Or, de nombreux pays de l’UE sont atlantistes et dépendent des Etats-Unis pour leur défense, comme les Etats baltes. La défense européenne reste un projet difficile à réaliser, avec des objectifs différents entre Etats.

Si la France semble chercher une troisième voie dans l’Indo-Pacifique, entre les Etats-Unis et la Chine, le positionnement sera délicat. L’espace vacant entre ces deux pôles est très maigre. Il nécessite, en outre, pour s’y installer, d’adopter une position d’équilibre loin d’être évidente. Toutefois, il est à noter que la France, comme l’Europe, adoptent une attitude différente. Elles s’opposent moins frontalement à la Chine que leurs partenaires occidentaux. L’appel entre l’Elysée et l’Inde le 21 septembre témoigne de la volonté française de renforcer ses liens avec d’autres partenaires de l’Indo-Pacifique.

Un risque de prolifération nucléaire ?

Cette livraison de sous-marins nucléaires pose également la question du respect du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP, 1968).

En effet, le TNP prévoit que les Etats dotés d’armes nucléaires ne doivent transférer des armes ou dispositifs nucléaires (article 1 TNP). De même, les Etats non dotés d’armes nucléaires ne doivent accepter le transfert d’armes ou de dispositifs nucléaires (article 2 TNP). Ainsi, les cinq nations nucléaires primo-accédantes avaient une entente tacite quant au non-transfert de l’énergie nucléaire comme source d’énergie pour des équipements militaires. De ce fait, il appartenait donc aux différents Etats voulant se lancer dans le développement de réacteurs nucléaires pour leurs sous-marins de le faire par leurs propres moyens.

Or, l’accord AUKUS se concrétisera, notamment, par l’exportation de sous-marins nucléaires britanniques et américains vers l’Australie. Ce revirement de Canberra est d’autant plus surprenant qu’elle refusait l’accès à ses ports aux sous-marins nucléaires. Et l’Australie ne dispose pas d’un programme nucléaire civil.

En allant à rebours de cette entente, les Etats-Unis démontrent la prééminence de leurs intérêts géostratégiques. Et ce, au détriment des règles de non-prolifération. Dès lors, plus rien n’empêche la Russie, la Chine ou la France de livrer des sous-marins nucléaires aux pays demandeurs. Il existe un risque de voir poindre une véritable course à l’armement nucléaire dans l’Indopacifique. L’Inde, qui souhaite moderniser sa flotte de sous-marins, pourrait ainsi saisir cette occasion et sceller un partenariat avec la France.

Par Noémie GELIS et Cédric GOUDEAGBE

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Cédric GOUDEAGBE

est diplômé d'un Master 2 en droit public, mention défense et sécurité. Intéressé par les relations internationales, les questions de défense et l'Afrique.

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