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L’effacement des droits des femmes sous le régime Taliban

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Depuis l’imposition des Taliban en août 2021 en tant qu’autorité de facto, l’Afghanistan connaît une grave régression des droits des femmes et des filles. La nouvelle loi du 22 août 2024 impose le voile intégral et interdit aux femmes de s’exprimer en public. Ce récent évènement montre l’intensification de leur oppression systématique dans le pays.

Les Taliban et l’Afghanistan : un retour au pouvoir

Cette image s’inscrit dans un contexte de peur et d’insécurité sous le régime Taliban en Afghanistan, où les femmes sont privées de leurs droits fondamentaux. Des contraintes leurs sont imposées lorsqu’elles quittent le domicile, même lorsqu’elles attendent les unes derrière les autres de recevoir des rations alimentaires distribuées par des groupes d'aide humanitaire, notamment en termes de tenues vestimentaires, avec l’obligation de porter la burqa.
Des femmes afghanes portant obligatoirement une burqa imposée par les Taliban, les privant de leurs droits fondamentaux (2023)

Le conflit en Afghanistan, débuté en 1979 avec l’invasion soviétique, a conduit à des décennies d’instabilité. Après la défaite soviétique, les Taliban prennent le pouvoir, imposent la charia et dès lors marginalisent les femmes. Dans ce contexte, des forces étrangères interviennent en Afghanistan face au terrorisme des années 2000. Leur objectif est de chasser les Taliban, assurer une présence internationale stabilisatrice promouvant les droits humains. Le retrait des forces occidentales en août 2021 permet aux Taliban de lancer une offensive et de reprendre le contrôle de l’Afghanistan. 

Une fois à Kaboul, les Taliban 2.0 se montrent modérés sur les droits humains, promettant une transition pacifique pour légitimité internationale. Néanmoins, lors des négociations et conférences en août 2021, les Taliban ont assuré que les droits des femmes seraient respectés « dans le cadre de la charia » et sans « violence ni discrimination », selon le rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU). Néanmoins, les femmes commencent à être effacées de la sphère publique quelques semaines après, en septembre. En effet, la création d’un conseil des ministres exclusivement masculin et la conversion du ministère des Affaires féminines en ministère de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice, marquent les premiers signes de restriction des droits des femmes et la suppression de leur représentation. 

L’effacement progressif des droits des femmes en Afghanistan 

À l’occasion de l’anniversaire de la prise de Kaboul, les Taliban accentuent l’oppression des femmes en réponse au refus international de leur reconnaissance. En mars 2022, les autorités interdisent aux femmes l’accès à l’enseignement, voilant le droit fondamental à l’éducation consacré par la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). Ainsi, L’Afghanistan entrave l’objectif de développement durable n°4 de l’ONU, qui vise une éducation de qualité pour tous d’ici 2030. Cette mesure a de nombreuses répercussions. La directrice générale du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), Catherine Russel, a souligné que « cette exclusion systématique à l’éducation […] se traduit également par une diminution des opportunités et une détérioration de leur santé mentale ». Puis, au travers de nombreux décrets des Taliban, l’effacement des femmes dans la société afghane s’est réalisé. 

Quelques exemples:

  • Interdiction de l’emploi des femmes, sauf exceptions limitées. 
  • Restrictions des libertés fondamentales: circulation, association et expression.
  • Fermeture obligatoire des entreprises détenues par des femmes.  
  • Pratique d’activités sportives et fréquentation de jardins publics interdites.
  • Imposition du port de la burqa ou d’un voile intégral en public en présence d’hommes non membres de la famille.
  • Interdiction de quitter le domicile, sauf en cas de « nécessité », et de voyager sans tuteur masculin au-delà de 72km.
  • Interdiction de faire entendre leur voix en public, chanter ou lire à voix haute.

La répression persiste avec des arrestations arbitraires, des disparitions forcées, de la torture et d’autres mauvais traitements. Conséquemment, en décembre 2023, Amnesty International et la Commission internationale de juristes ont qualifié ces restrictions de crime contre l’humanité. Le 18 juin 2024, Richard Bennett a qualifié ce système d’« apartheid de genre » devant l’ONU. Dorénavant, ces qualificatifs décrivant la répression des femmes en Afghanistan deviennent des appels à la responsabilité internationale. En s’emparant de la question, la communauté internationale réaffirme sa prise de conscience, essentielle, avant toute action ou intervention concrète.

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Noemi Jacquemet

Noemi Jacquemet est étudiante en troisième année de Licence en Sciences Politiques et Développement International à McGill University à Montréal. Elle s'intéresse notamment aux problématiques concernant les droits humains, les conflits et la politique extérieure.

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