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Rétrospective 2013 : l’Europe en crise

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Près de six ans après la crise financière qui ébranla le monde, l’Europe peine toujours à se relever. Et le mal qui touche le Vieux continent encore aujourd’hui est multiple.

L’Europe subit d’abord les contrecoups de la crise financière, qui s’est diffusée à force d’effets dominos. Les petits Etats, attractifs par leur fiscalité, et qui bénéficiaient jadis des taux faibles de la zone euro, se sont surendettés, jusqu’à ce que cela devienne insoutenable en période de récession mondiale. Cette crise de la dette souveraine, qui s’est propagée par les liens bancaires qui unissent la zone, a révélé les déséquilibres masqués par « l’argent pas cher ».

La Grèce, symbole de cette décadence, puis l’Irlande, le Portugal, et enfin Chypre en 2013 furent victimes de ce système. Ils ont subit l’affaiblissement de leur système bancaire, la fermeture des banques et la panique des ménages et des investisseurs. Aujourd’hui, les plans de sauvetage se succèdent, stabilisant leur situation sans véritablement les sortir d’affaire. Si l’on a cru, en 2013, que d’autres petits pays pourraient bientôt devenir l’épicentre d’une nouvelle crise européenne, cette inquiétude fut partiellement dissipée par l’annonce ferme de Mario Draghi de sauver la zone, y compris en rachetant la dette souveraine.

Au niveau géopolitique, l’Union Européenne perd de sa splendeur. Alors qu’à l’intérieur, l’extrême droite monte, et l’eurosceptisme avec lui (en Grande-Bretagne, Cameron incarne paradoxalement le défenseur de l’union face à son électorat europhobe), à l’extérieur, les pays frontaliers (Arménie, Ukraine), promis à un avenir européen, se retournent vers la Russie. Et si l’Union finit l’année à 28, avec l’adhésion de la Croatie, cela ne suffit plus à cacher sa perte d’attractivité.

Il faut dire que pour venir à bout de cette dette abyssale (93,4% du PIB de la zone euro en 2013), les politiques engagées sont forcément impopulaires : les ajustements budgétaires (austérité) rognent le pouvoir d’achat des ménages et les mesures structurelles se heurtent à l’inertie démocratique, et lorsqu’elles aboutissent, comme l’union bancaire, leurs effets tardent à se faire sentir.

La reprise en Europe passera aussi par une remise en cause de l’Euro, monnaie forte et surévaluée, qui pénalise l’industrie et les services européens à l’exportation, et dont tant de pays ont menacé de se séparer pour revenir à leur glorieuse monnaie nationale. Il faudra aussi éviter la déflation par la dette à force de chercher à se désendetter et à restreindre le crédit (credit crunch), comme au Japon.

L’effet récessif des coupes budgétaires ne doit pas être sous-estimé, tant il conduit à demander des sacrifices trop importants aux populations : il peut donc s’avérer néfaste si la confiance des agents est absente. Cependant, l’ampleur des dettes des Etats ont rendu impossible une sortie de crise par les dépenses publiques. Au total, la politique monétaire a déjà atteint ses limites, et la politique de relance est devenue impossible à mener.

La sortie de crise de l’Europe, si elle n’est pas pour tout de suite, dépendra de la stratégie décidée en 2014 : suivra-t-on l’analyse keynésienne, postulant, comme Krugman, que ce n’est pas la rigueur qui paye la dette mais la croissance, et optant donc pour une politique de relance, ou suivra-t-on l’analyse ricardienne, qui considère, comme Jean-Marc Daniel, que la rigueur ravivera la confiance, et donc, la croissance ? Le tout, semble-t-il, est de choisir une voie de sortie, et de s’y tenir, enfin.

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