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Géopolitique du Tour de France et du cyclisme

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La météo et le Tour de France. C’est la discussion commune des juilletistes qui, chaque été, trouvent devant leur écran de télévision une échappatoire à la température caniculaire de l’extérieur. Le Tour doit d’ailleurs un large pan de son succès populaire à ce calendrier avantageux. Depuis 1903, ce sont des millions de personnes qui s’amassent le long des asphaltes arborant qui le drapeau de leur pays qui un costume local qui un maillot distinctif du Tour. Malgré les scandales à répétition et l’archi-domination de certains coureurs (qui ne va pas sans éveiller les soupçons), le Tour continue de passionner les foules du monde entier : c’est le troisième événement sportif le plus suivi au monde après la Coupe du monde de football et les Jeux Olympiques. En quoi cette compétition sportive entre-t-elle dans le domaine géopolitique ?

Le Tour est, depuis ses origines, un instrument politique et médiatique. En 1900, il n’existe qu’un quotidien sportif en France, publié sur papier vert : Le Vélo. Les soutiens financiers du groupe, industriels et pour la plupart antidreyfusards, supportent mal les prises de position du rédacteur en chef en faveur du lieutenant-colonel. Ils décident alors de créer un autre journal publié sur papier jaune (d’où le Maillot Jaune) et aux positions antidreyfusardes, l’Auto-Vélo, dirigé par Henri Desgrange. Mais après un procès, le journal perd son Vélo malgré l’importance économique du cyclisme et devient L’Auto. La riposte de Desgrange ? Organiser une course cycliste d’envergure inégalée : le Tour de France. Liée à un journal dès le départ, la compétition est encore aujourd’hui détenue par le Groupe Amaury-Presse, propriétaire de L’Equipe. Les hommes politiques se pressent chaque année sur les routes tout comme les grands dirigeants d’entreprise.

Les nations ont histoire liée avec le Tour. Des années 1930 à 1961, des équipes nationales et régionales s’affrontent. Le Tour de Catalogne, de Lombardie ou la Classique San Sebastien sont, sans doute, des vecteurs de revendication nationale. Comme de nombreux sports, le cyclisme s’est transformé à l’ère de la mondialisation. Les sponsors ont pris le pouvoir et les médias retransmettent la course partout dans le monde (2,1 milliards d’auditeurs et de téléspectateurs dans 70 pays). L’événement politique devint géopolitique.

La qualité des prises de vue et la mise en valeur du patrimoine local incitent de nombreuses villes aux ambitions touristiques à candidater pour accueillir le Tour, même à l’étranger (Londres, Amsterdam, Dublin, Berlin). L’idée de « village global » s’impose. Des communautés nationales, dissimulées derrière des marques, se lancent dans l’aventure pour revendiquer (l’équipe Euskatel-Euskadi et ses coureurs basques) et vendre leur pouvoir (l’équipe kazakhe Astana). Les pays organisent des compétitions semblables pour exister : le Tour du Qatar, du Timor et de Pékin prennent leur essor. Le crime transnational frappe à travers le dopage. Le cyclisme est tellement lié à la géopolitique que certains coureurs incarnent la destinée de leur pays. N’était-ce pas le cas d’Armstrong, chantre de l’ère Bush et de la puissance américaine avant le repli et la déchéance ?

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