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Évolution du conflit syrien, quel avenir pour Bachar el-Assad et le régime ?

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 Après Alep, c’est au tour de Homs, présentée comme l’emblème de la contestation, de passer sous l’entière domination des troupes loyalistes à Bachar el-Assad. L’évacuation des derniers insurgés du quartier Al-Waer est l’illustration symbolique de l’évolution du rapport de forces au sein du conflit syrien. Bien qu’annoncé comme mourant dès 2012, le régime a démontré sa résilience et se place comme un acteur incontournable pour le futur de la Syrie. Toutefois, la pérennité politique du régime ne signifie pas forcément le maintien d’Assad au pouvoir.

Une quasi-certitude dans le conflit syrien, la survie du régime

Évolution du conflit syrien, quel avenir pour Bachar el-Assad et le régime ?
Bachar el-Assad est président de la République arabe syrienne depuis 2000, succédant à son père, Hafez el-Assad.

Si la guerre en tant que lutte armée n’est certes pas close, l’affrontement au sujet du principal enjeu politique, c’est-à-dire la chute et le remplacement d’Assad par une révolution armée, n’est lui plus à l’ordre du jour. Le constat est sans appel. L’armée gouvernementale, grâce à l’appui de la Russie, de l’Iran et du Hezbollah, procède à une reconquête des lieux stratégiques et s’assure la maîtrise du cœur vital du pays1. Les divers groupes d’opposition, bien que disposant encore de territoires non négligeables – principalement au sud et dans la région d’Idlib – sont désorganisés et se sont vus marginaliser des négociations internationales. De même, les États qui avaient pris diplomatiquement position en défaveur d’Assad ont pour la plupart revu leur positionnement2. Quant à l’État islamique, il n’a jamais été la menace prioritaire du régime, d’autant plus qu’il connaît actuellement un processus de rétraction territoriale suite aux défaites militaires subies. Enfin, au nord, les Kurdes sont davantage attachés à sécuriser leur Kurdistan face à la pression turque qu’à s’opposer à Assad, avec lequel des rapprochements ont déjà pu être effectués.

Ainsi, la décrédibilisation de l’opposition syrienne, la montée en puissance des groupes islamistes, l’internationalisation du conflit et la nouvelle configuration du rapport de forces ont rendu illusoire, à court terme du moins, l’effondrement du régime. Acteur local structuré dans le chaos syrien, agitant la menace djihadiste, il apparaît dans une solide position pour entamer le règlement diplomatique post-bellum.

L’illusoire rétablissement de l’autorité d’Assad sur l’ensemble de la Syrie

Bien que le régime syrien soit parvenu à résister à la crise, le retour à une Syrie unifiée derrière le président Assad semble chimérique. La position de ce dernier à la tête du pays est compromise du fait de la polarisation passionnée autour de sa personne. S’il a su se maintenir jusqu’ici, il est difficile d’imaginer une prolongation pour la phase d’après-guerre. Il cristallise trop d’antagonismes entre les protagonistes pour être un facteur d’unité. Ses opposants et plusieurs pays occidentaux ont fait de la transition présidentielle une condition préalable à une sortie de crise définitive. La Russie elle-même vise d’abord à sauvegarder le régime avant l’homme qui le représente, Assad étant un moyen et non une fin.

Le destin de l’actuel président dépend en grande partie de la voie vers laquelle va s’orienter la Syrie. Dans l’hypothèse où les affrontements et les accords aboutissent à une Syrie unie et centralisée, il est probable qu’Assad cède le pouvoir à un gouvernement plus consensuel, incarnant la continuité du régime, avec une ouverture à l’opposition la plus modérée. Une solution acceptable pourrait être de lui permettre d’exercer son mandat jusqu’en 2021, sans être candidat à sa succession. A l’inverse, si la Syrie s’oriente vers un morcellement territorial selon les lignes de front – scénario le plus probable aujourd’hui – Assad pourrait continuer d’exercer son autorité sur les zones contrôlées par le régime jusqu’à qu’un cadre fédéral soit mis en place.

Évidemment, il ne peut s’agir pour l’instant que de prudentes conjonctures. Le conflit syrien demeurant mouvant, toute conjoncture reste sujette à caution. La première étape pour envisager une avancée substantielle vers le règlement d’un accord de paix est la suppression de l’État islamique des dernières grandes villes syriennes, notamment Raqqa et Deir ez-Zor, processus actuellement en cours.

1Damas, Alep, Homs – les trois principales villes du pays – ainsi que le littoral sur la Méditerranée, soit schématiquement la partie Est du pays, qui est aussi la plus développée économiquement, contrairement à l’Ouest, zone principalement désertique.

2A titre d’exemple, la diplomatie française a nuancé son attitude en faisant de l’État islamique la cible prioritaire et non plus le régime syrien. Quant aux États-Unis, s’ils restent engagés aux cotés de certaines forces rebelles, ce n’est plus pour abattre le régime syrien mais pour disposer de la meilleure situation possible dans les négociations à venir et limiter l’influence russo-iranienne. Le récent bombardement étasunien contre une base loyaliste reste plus un « coup » politique démonstratif de la part du nouveau président Trump, qu’il ne présage un préalable engagement militaire des États-Unis en Syrie, qui serait politiquement risqué et coûteux.

 

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