Deir-ez Zor, le début de l’assaut final contre Daech ?
Palmyre en mars 2017, Mossoul en septembre, puis Raqqa en octobre et enfin, le 2 novembre, après une offensive de deux mois, la libération, par l’armée syrienne et son allié russe, de Deir-ez Zor: l’Etat islamique a perdu tous ses grands fiefs.
Conquise en 2011 par des groupes rebelles en raison de la révolution qui se propageait dans le pays syrien, Daech en fait son territoire à partir de 2014. Peuplée de trois-cent mille habitants avant l’arrivée de l’EI, le nombre a aujourd’hui nettement diminué. Quelques quatre-vingt-dix mille habitants ont vécu pendant trois ans sous le joug de l’organisation terroriste qui y entretenait d’importantes pénuries alimentaires, une flambée des prix et des restrictions dans l’accès aux soins.
Début novembre, l’EI se voit repousser de Deir-ez Zor, ville à l’est de la Syrie, un de ses plus grands bastions. Dans le même temps, l’organisation terroriste perd également un important poste-frontière entre la Syrie et l’Irak, Husseiba.
Après Mossoul, centre de commandement islamique en Irak, Raqqa, ex-capitale et maintenant Deir-ez Zor, siège principal des dirigeants de l’organisation, le califat islamique essuie défaites après défaites. Outre son chef-lieu, l’EI se voit également ôté d’une grande valeur stratégique puisque la ville proche de la frontière irakienne est une importante manne pétrolifère. Tout ceci lui fait également perdre, selon les propos du haut-commandement de l’armée syrienne, « sa capacité à diriger des opérations terroristes menées par ses hommes ».
Désormais retranchée dans une zone désertique à la frontière à l’est de la Syrie et l’ouest de l’Irak, les jihadistes n’y seraient que 1500, selon la coalition internationale. En effet, Daech perd également de l’influence parmi ses troupes, comme le montre le retour des combattants dans leur pays. La prise de Raqqa fin octobre 2017 a laissé émerger un certain ressentiment parmi ces derniers comme l’exprimaient les propos d’un jeune combattant, recueillis par le journal Le Monde : « Nous avons été abandonnés par les chefs… avant même le début de l’opération de l’armée contre Hawija », avant de rajouter « Ils ne m’ont pas laissé partir avec eux, je n’étais pas assez important… Les gens se sentaient trahis, ils voyaient que quelque chose se passait quand les chefs se sont mis à partir, mais ils ne pouvaient rien dire. »
Néanmoins, en dépit de sa perte de vitesse de plus en plus significative, nous pouvons émettre des doutes quant à la fin de l’organisation terroriste, qui est probablement amenée à se transformer. D’une part, elle peut compter sur ses autres fiefs au Yémen ou en Afghanistan par exemple pour continuer son action. D’autre part, si l’EI est sur le point de tomber sur le plan militaire en Irak et en Syrie, le califat virtuel, quant à lui, est loin d’être battu. Enfin, la disparition annoncée du califat ne signifie pas pour autant la fin des attentats, comme peut en attester le récent attentat de New York.
Trois mois avant de se faire tuer, la principale figure de Daech, Mohammed al-Adnani, avait confirmé cette renaissance du phénix : « Etions-nous finis quand nous avons perdu nos villes en Irak et que nous étions dans le désert, sans ville ou territoire ? Serions-nous finis si vous [les Etats-Unis] preniez Mossoul, Syrte ou Raqqa, ou même toutes nos villes et que nous redevenions comme avant ? Certainement pas ! »